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successivement les uns sur les autres, dans la série des âges, les plus modernes reposant sur les plus anciens ; ils enveloppent le globe, comme d’innombrables couches annuelles d’accroissement d’un arbre gigantesque. Il en résulte qu’il y a eu nécessairement une époque excessivement reculée où aucun d’entre eux n’existait. Leur formation correspond à des laps de temps très considérables ; car l’ensemble des couches qui se sont accumulées dans bien des contrées est d’une énorme épaisseur et quelques-unes, consistant en bancs de polypiers et de houille, n’ont pu se former que très lentement et ont, à elles seules, exigé des siècles.

l.es volcans apportent chaque jour, outre des quantités prodigieuses de vapeur d’eau et de produits gazeux, des matières pierreuses fondues et très chaudes, qui s’épanchent sur leurs flancs et sont connues sous le nom de laves. Pendant les anciennes périodes, il a jailli aussi des profondeurs situées au-dessous des masses granitiques des roches d’une nature bien différente de celle des roches stratifiées et offrant de l’analogie avec les laves. A la surface du sol, elles présentent des formes variées, telles que celles de nappes, de cônes nu de massifs irréguliers. Plus bas, elles constituent, dans l’épaisseur des roches encaissantes, des espèces de colonnes, qui se rattachent aux réservoirs très profonds d’où elles sont sorties ; elles ont été en effet poussées çà et là, par suite d’éruptions, au travers des masses superposées, bien loin de leur gisement initial. De même que les laves, elles sont principalement formées de silicates ; le basalte et le trachyte, représentans bien connus des roches éruptives, se montrent dans une foule de points de la France centrale.

On voit tout d’abord que la plupart de nos roches diffèrent considérablement des météorites. Le contraste le plus important consiste en ce que ces dernières ne contiennent rien qui ressemble aux matériaux arénacés ou fossilifères, constitutifs des terrains stratifiés, c’est-à-dire rien qui rappelle l’action et le mouvement d’un océan ou la présence de la vie. Une grande différence se manifeste même si on les compare aux masses sur lesquelles reposent immédiatement les terrains sédimentaires. Jamais, en effet, il ne s’est rencontré dans les météorites ni granite, ni même aucun des minéraux qui lui sont associés.

C’est seulement dans les roches silicatèes, originaires des régions profondes et inférieures au granite, qu’il faut aller chercher les analogues des météorites.

Un exemple frappant de cette similitude est fourni par des laves actuelles, formées de l’association de deux silicates, le pyroxène et le feldspath anorthite ; elles correspondent exactement à la