Page:Revue des Deux Mondes - 1885 - tome 72.djvu/908

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

météorite recueillie le 15 juin 1819 à Jonzac (Charente-Inférieure) et à celle qui est tombée à Juvinas dans le département de l’Ardèche le 13 juin 1821.

Le péridot, qui se présente avec une constance si remarquable dans les météorites des types les plus divers, depuis les fers jusqu’aux pierres proprement dites, figure aussi dans les masses éruptives et quelquefois avec abondance. On le trouve non-seulement dans les basaltes, mais également dans d’autres roches signalées d’abord à Lherz, dans les Pyrénées, d’où leur est venu le nom de lherzolite, et découvertes ensuite en massifs importuns dans bien d’autres contrées où elles avaient été longtemps méconnues. Or une constitution identique se manifeste dans un aérolithe tombé à Chassigny (Haute-Marne), le 15 juin 1821, et dans la partie pierreuse de la syssidère d’Atacama.

C’est de cette même roche péridotique que se rapprochent tout particulièrement les météorites des types les plus communs, toutefois avec une légère différence qui porte sur le degré d’oxydation du fer. Au lieu d’être en partie à l’état natif, c’est-à-dire isolé et libre de toute combinaison, le métal, dans nos roches, est entièrement combiné à l’oxygène. Mais cette dissemblance n’a qu’une faible valeur ; il est d’ailleurs facile de la faire disparaître par une action chimique bien simple, à laquelle on a donné le nom de réduction. Fondue en présence du charbon, la lherzolite donne tout à fait le même produit que la fusion des météorites ; la similitude se montre dans les grenailles métalliques, non moins que dans la partie pierreuse.

Observons que l’absence, dans les météorites, de toute la série des roches qui forment une épaisseur si importante du globe terrestre est, quelle qu’en soit la cause, un fait également très remarquable. Elle peut s’expliquer de deux manières : soit que les éclats météoritiques qui nous arrivent ne proviennent que de parties internes de corps planétaires qui seraient constitués comme notre globe, soit que ces corps planétaires manquent de roches silicatées quartzifères, comme le granite, aussi bien que de terrains stratifiés. Dans ce dernier cas, ces astres auraient subi des évolutions moins complètes que la planète que nous habitans, et ils ne porteraient pas de vestiges de la coopération d’un océan, tel que celui auquel la terre a dû, postérieurement à la formation de ses masses internes, péridotiques et autres, l’origine de l’écorce qui les recouvre.