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elles ne leur profitent guère, ni à la colonie ; faites aux riches, elles sont une injustice évidente.

Vente conditionnelle des lots bâtis et des terres y attachées, les ventes inconditionnelles ne favorisant ordinairement que les spéculateurs, lesquels ne résident point.

Adjudication d’un lot unique à une même famille et seulement en faveur de celles qui, prouvant avoir vécu de la vie agricole et posséder un minimum de capital déterminé, s’engagent de plus à mettre ce lot en valeur, ou par leur propre travail ou par celui d’autres Européens.

Paiement en huit ou dix annuités du prix d’adjudication, ainsi que de l’intérêt des sommes restées dues.

Droit de cession, au bout de cinq ans, mais seulement à des Européens remplissant les mêmes conditions que l’adjudicataire, à l’exclusion des indigènes jusqu’à un délai de quinze ans et des possesseurs d’autres terres domaniales, trop disposés à arrondir leurs propriétés aux dépens du peuplement.

Prohibition de location aux indigènes de plus de la moitié du terrain qu’on aura acheté du domaine, le colon ne devant pas devenir un simple rentier, du moins avant quinze ans de résidence et de travail.

Droit d’emprunter immédiatement sur l’immeuble, à charge par l’état, en cas de déchéance de l’adjudicataire, de rembourser, si possible, le prêteur sur le prix de revente.

En cas d’éviction pour non-observation du cahier de charges, perte d’une partie des annuités versées, mais estimation des améliorations effectuées et leur remboursement sur le produit d’une nouvelle adjudication.

De telles conditions, unies à tant d’avantages, ne devraient pas écarter les adjudicataires intelligens et honnêtes ; ceux-ci comprendraient probablement que, si l’état leur vend des terrains plus spacieux ou à plus bas prix qu’ils ne pourraient les acheter à l’amiable ; s’il leur accorde des facilités de paiement à si longues échéances ; s’il leur bâtit des demeures, une gendarmerie, des lavoirs, des écoles et peut-être des églises ; s’il leur construit des routes coûteuses, en pleine solitude, il est bien en droit de veiller un peu à ce que devient tout cela. Des adjudicataires munis de quelque avoir et sachant, par leurs expériences antérieures, ce que coûtent les choses, seraient sans doute moins récalcitrans devant des exigences légitimes que ne l’ont été, dans le passé, les concessionnaires à titre gratuit, sans ressources personnelles et habitués à tout attendre d’autrui. d’ailleurs, on n’imposerait aux acquéreurs aucune des gênes plus ou moins inutiles qui, précédemment, ont servi de prétextes