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mètre carré. pour moins de 400 francs, on pouvait devenir propriétaire d’un lot de 600 mètres carrés dans les rues de plus grand avenir. Les fonctionnaires provinciaux, pour lesquels la résidence allait devenir obligatoire au moment de la translation des bureaux, avaient le privilège d’acquérir pour la moitié de ce prix l’emplacement de leur future demeure. Une émission de bons amortissables à long terme, par l’abandon d’une fraction minime de leurs appointemens, leur permettait de la construire tout de suite. L’acheteur d’une parcelle devait, sous peine de déchéance, l’enclore d’un mur de briques, élever une construction d’au moins 16 mètres carrés par chaque 10 mètres de façade et établir le trottoir conformément aux ordonnances de voirie, successivement mises en vigueur du centre aux extrémités de la ville. Il devait en outre contribuer pour une quotité déterminée au pavage de la chaussée, lorsqu’il s’exécuterait. Somme toute, ces conditions étaient libérales. À Buenos-Ayres, le prix du terrain à bâtir est, dans les beaux quartiers, de 50 à 100 francs le mètre carré. Il n’était pas de 5 il y a vingt ans, et si La Plata n’est pas Buenos-Ayres et ne prétend pas l’égaler, elle entend bien marcher sur ses traces comme rapidité de développement. Pourtant ces obligations étaient assez sérieuses pour empêcher l’accaparement. Si elles n’ont pas coupé court aux spéculations de la première heure, elles n’ont pas tardé, dès qu’on a tenu la main à l’exécution rigoureuse de la loi, à faire revenir les parcelles urbaines entre les mains d’acquéreurs décidés à les mettre en valeur. On est maintenant en plein dans la période sérieuse de construction après une série de tâtonnemens et d’à-coups.

Les quintas ont depuis 1 hectare 1/2 jusqu’à 7 1/2, selon la distance à la ville. Les chacras ont de 12 à 30 hectares. Durant deux mois, à partir de la promulgation de la loi, on eut le droit d’en acheter en payant au gouvernement le prix de coût augmenté de 75 pour 100. Une loi de 1883 a fixé le prix des terres encore disponibles à 700 francs l’hectare pour les quintas et à 450 pour les chacras, payables une faible partie au comptant, le reste en cinq ou huit annuités, selon les cas. Ici encore, l’acheteur ne peut laisser son domaine à l’abandon. Il doit l’entourer d’une clôture en fil de fer, en défricher une moitié, y planter un certain nombre d’arbres et construire une habitation.

Une fois que ces dispositions, longuement mûries, eurent été consacrées par une loi, on se mit vivement à l’œuvre. Le 12 juin 1882, les chambres votèrent un crédit de 85 millions de francs pour la création de la nouvelle capitale. Sur cette somme, 55 millions devaient être versés par le gouvernement national et représentaient une partie du prix consenti pour la cession d’immeubles ou établissemens provinciaux situés à Buenos-Ayres, et dont la nation