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aucune force cosmique n’a dérangé la formation, ont conservé intacts et presque à fleur du sol les restes des faunes tertiaire et quaternaire. Les recherches y sont attachantes parce que les trouvailles y sont nombreuses. C’est dans cet ordre de révélations que M. Burmeister, le célèbre directeur du musée de Buenos-Ayres, a conquis quelques-uns de ses meilleurs titres à la renommée. M. Francisco Moreno, directeur du musée de La Plata, a eu la bonne fortune, dans ses hardies excursions jusqu'au fond de la Patagonie, de surprendre quelques secrets de l’histoire géologique de ce continent. Quant à l'âge de la pierre polie, il y est comme chez lui. La collection de crânes de ce temps dont il a fait cadeau à la province est des plus complètes. Lui aussi prend souci de faire des élèves et y réussit. Musée, institutions d’enseignement supérieur, bibliothèque, la province avait cédé à la nation le plus clair de ses richesses scientifiques, elle s’est attachée avec ardeur à se constituer un capital nouveau. Pour un pays d’élevage et de négoce, voilà qui ne sent pas trop le terre-à-terre de la vie d’affaires. Il va sans dire que la ville a été pourvue d’un lycée. C’était d’abord le gouvernement national, au moment de sa grande tendresse pour les chefs de la province, qui avait voulu l’en gratifier. Une loi du congrès de 1884 avait affecté 250,000 francs à cette fondation. C’est sur ces entrefaites que les rapports se refroidirent. Cette loi resta lettre morte. Le gouvernement de la province a spirituellement répondu à ce manque d’empressement en créant un lycée pour son compte et en lui donnant une dotation, des programmes et un personnel enseignant qui en font, dans son genre, un établissement de premier ordre.

Il eût peut-être fallu commencer cette énumération par l’enseignement primaire, qui est la base des autres et comme le réservoir où ils s’alimentent. Je l’ai gardé pour la bonne bouche. La république argentine attache une importance extrême à le développer. Le gouvernement national et les provinces les plus avancées, celle de Buenos-Ayres en tête, mettent une vive émulation à le doter richement. Pour ne parler que de cette dernière, où l’instruction primaire est gratuite et obligatoire, la loi y a institué et déclaré inviolable un fonds permanent des écoles. On ne peut y toucher que pour les dépenses pédagogiques et la construction d’édifices scolaires. Il est administré par un conseil supérieur, investi de facultés très étendues. C’est une tendance argentine de décentraliser les services afin d’éviter les engorgemens et le manque d’initiative d'une bureaucratie compliquée. Ce fonds commun, outre les sommes qui se trouvaient déposées pour cet objet à la Banque de la province au moment où il fut créé, est alimenté par le produit de toutes les amendes auxquelles une loi antérieure ne fixe pas un emploi spécial, par la valeur intégrale des successions qui font retour à