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de 1381, conservé aux Archives nationales, signale encore à Paris un nommé « Jehan Boule, tailleur de diamans ; » du reste, il suffit de se reporter aux inventaires des ducs de Bourgogne, de Berry et d’Anjou, pour se convaincre qu’au XIVe siècle ces princes portaient déjà des diamans taillés de différentes façons[1].

Le rapport indique ensuite que les Mazarins sont les diamans qui ont été le plus anciennement taillés. Le rapporteur de la chambre des députés, qui est en même temps l’auteur du projet d’aliénation, fait observer avec beaucoup de justesse et de raison « que cette supposition ne paraît pas très fondée, si on la rapproche de l’appréciation trouvée dans le rapport des experts, au sujet de la broche reliquaire, qui aurait été taillée en 1476. »

Nous supposons que le rapporteur de la commission d’expertise a voulu dire : les plus anciens diamans taillés en forme de brillans, mais encore voudrions-nous savoir où l’auteur a pu puiser ce renseignement sur l’origine de la taille des Mazarins ; car, pour notre part, après avoir compulsé nombre de papiers concernant les pierres et les bijoux du cardinal de Mazarin (papiers inconnus du rédacteur de ce rapport), nous croyons devoir tirer cette conclusion que le ministre d’Anne d’Autriche acheta ces diamans tout taillés et ne s’occupa jamais de les faire modifier[2].

Le rapporteur de la première commission soutient encore que le trésor des diamans de la couronne fut constitué en 1661 ; nous avons cité les lettres patentes de François Ier, qui le créèrent en 1530 et nous avons résumé l’historique de quelques-uns de ces bijoux depuis la fondation du trésor jusqu’à nos jours.

Enfin le même rapport affirme que les Mazarins furent montés, pour la première fois, dans la couronne de 1725 : l’inventaire de 1691, nous l’avons déjà vu, démontre qu’à cette date quinze d’entre eux étaient montés en chaîne et en boutons.

Examinons maintenant le rapport de la chambre des députés : il n’est que la reproduction exacte du rapport de la commission extraparlementaire, composée d’experts, à qui les rapporteurs de la chambre et du sénat devaient naturellement attribuer une compétence qui pouvait manquer à des hommes politiques. Les faits erronés énoncés plus haut y sont donc reproduits, sauf celui relatif à la taille des Mazarins, qui a été relevé si justement par le député rapporteur. Mais, ajoute ce dernier auteur, « les Mazarins étaient,

  1. Voir à ce sujet le Glossaire archéologique de M. le marquis de Laborde, au mot DIAMANT.
  2. Nous avions cru aussi, autrefois, que les Mazarins étaient les diamans les plus anciens en forme de brillans, mais nous avons pu en étudiant la question nous convaincre du contraire.