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et locaux ou extérieurs et généraux, et les êtres eux-mêmes, ainsi influencés, le seront dans la mesure de l’intensité et de la puissance de ces causes de trouble, les plus générales et les plus actives étant aussi les seules auxquelles il soit légitime de rapporter les révolutions organiques ; nous voulons parler de celles qui, une fois accomplies, aboutissent au renouvellement de la nature vivante, soit dans sa physionomie, soit dans la nature des types et des formes qu’elle comprend à chaque période de son existence.

Ces réflexions s’appliquent à la Provence tertiaire ; non-seulement cette région a varié dès l’origine de la période et ensuite d’âge en âge ; mais elle a subi le contre-coup des changemens qui se produisaient en dehors d’elle, soit en Europe, soit en affectant le globe tout entier. Il faut bien tenir compte de la marche encore mystérieuse de celui-ci, passant d’un état d’uniformité calorique vers un état d’inégalité croissante et de refroidissement toujours plus accentué des régions polaires comparées à celles de l’équateur. Le contraste entre les deux zones est allé effectivement en se prononçant toujours davantage. Mais laissons ces causes générales, demeurées obscures ou même inconnues dans leur principe, pour nous tenir aux conséquences qui résultent de leur combinaison avec les événemens particuliers à la seule Provence.

Ces événemens se rattachent, il est utile de le rappeler, à deux ordres de particularités, les unes purement physiques, les autres biologiques. La stratigraphie, dont les enseignemens ne font jamais défaut, puisque dans tous les âges les eaux n’ont jamais cessé de charrier des matériaux et d’accumuler des dépôts, la stratigraphie nous instruit des changemens du sol ; elle nous découvre à la fois l’action des eaux, leur nature et le périmètre occupé par elles à chaque moment des périodes passées en revue. Nous n’avons, pour nous assimiler ces notions, qu’à examiner la structure des lits explorés, à saisir leur ancienneté relative et à définir leurs caractères dans deux ou plusieurs localités distinctes, comparées entre elles à ce point de vue. Nous retrouvons ainsi les élémens d’une véritable chronologie.

Il n’en est pas de même des particularités organiques. Nous ne les connaissons que par les fossiles et en examinant l’ordre dans lequel ceux-ci se trouvent distribués à travers les lits ou couches successives, ou bien associés entre eux dans un fit déterminé, ou bien encore dans des lits distincts, mais appartenant à un même horizon géognostique et, par conséquent, contemporains. Mais les fossiles, à l’opposé de ce qui a lieu pour les dépôts, qui, d’une façon ou d’une autre, ne font jamais défaut, ou, s’ils font défaut, attestent du moins l’émersion totale du sol sur les lieux et pour les temps qui coïncident avec leur absence, les fossiles ne sont pas