Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 75.djvu/485

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dépassant pas 33,000 à Paris. Les grandes sociétés de crédit avaient fixé un minimum au-dessous duquel elles n’accueillaient pas les souscriptions, — minimum variant de 60 à 150 francs de rente. Le ministre des finances n’a garanti l’irréductibilité à aucune souscription ; on ne sait donc pas quel traitement sera définitivement réservé aux souscriptions unitaires.

Les porteurs de bons du trésor à un an d’échéance avaient la faculté de souscrire à l’emprunt en versant leurs titres comme argent, sauf déduction d’un escompte de 2 pour 100. Ils ont mis à profit pour la plupart cette faculté.

Parmi les plus fortes souscriptions figurent les suivantes : plus de 80 millions de rente par la chambre syndicale des agens de change ; 50 par la maison Rothschild ; près de 40 par les établissemens financiers de Londres ; 35 par le Crédit foncier, 33 par la Banque de Paris et des Pays-Bas ; 28 par le Crédit lyonnais ; près de 25 par la Société générale ; près de 20 par le Crédit industriel et commercial. Le versement de garantie effectué par ces huit groupes principaux de souscripteurs s’élève à 1,550 millions, soit à plus des trois quarts du montant total des sommes versées au trésor.

La spéculation n’avait pas attendu la confirmation par l’événement des espérances de succès de l’emprunt, pour en escompter l’heureux effet sur l’attitude et les tendances du marché. Dès le lendemain de la liquidation qui s’était faite aux plus bas cours du mois, et bien que la cherté des reports eût été excessive, le mouvement de reprise s’est accentué avec vivacité. On savait que la tension du prix de l’argent serait toute passagère, n’étant causée que par les préparatifs faits en vue de l’emprunt. Aussi les acheteurs se sont-ils résignés à payer aux capitaux une rémunération exceptionnellement élevée, atteignant 7 et 8 pour 100 sur certains fonds étrangers et sur des valeurs comme le Crédit foncier et le Suez. Sur le 3 pour 100, le report a été de 0 fr. 25 à 0 fr. 40 et sur le 4 1/2 de 40 à 45.

La hausse de la rente a été facilitée dans les huit jours qui ont précédé l’emprunt par la nécessité où se sont trouvés bon nombre de spéculateurs qui avaient vendu des résultats par grosses quantités, de procéder à des rachats, ce qui a porté la prime à environ 2 francs. Le 3 pour 100 a atteint 82 fr. 75 avant même l’émission. Il a varié depuis de 82.60 à 82.70, la rente nouvelle s’établissant en même temps à 82 francs. Si du prix de la rente ancienne on déduit le montant du prochain coupon, on voit que les cours sont dès maintenant à peu près nivelés.

Le 3 pour 100 reste en hausse de 0 fr. 67 sur le cours de compensation. L’Amortissable a gagné 0 fr. 65 à 84.65 et le 4 1/2 pour 100, 0 fr. 92 à 109.32.