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aux relations des États-Unis avec les autres nations. Notre pays a, en outre, un intérêt spécial dans la question, en qualité de principal producteur des métaux précieux. »

M. Morgan, en terminant, demandait que l’examen de la question fût ajourné, le congrès devant décliner toute action avant que les principales puissances représentées à la conférence monétaire de Paris eussent adopté un plan d’unification. « Il ne s’est produit, dit-il, aucune expression populaire en faveur du plan proposé, aucune action spontanée dans cette direction de la part des gens de finances dans ce pays ou ailleurs... Notre système de monnayage est simple; il répond exactement à tous les besoins de notre commerce intérieur ; il a ses mérites spéciaux. Il ne faut pas le changer pour des raisons légères, alors que les avantages visés sont d’ordre purement théorique et engagent l’attention du philosophe plutôt que de l’homme pratique. » Le sénat suivit ces conseils et ajourna toute solution afin que les diverses faces du problème fussent mûrement examinées.

Vers la fin de 1869, le département du trésor préparait une révision de toutes les lois existantes concernant le monnayage aux États-Unis. Ce travail, poursuivi sous la direction de M. Knox, que nous citions tout à l’heure, aboutit à la rédaction d’un rapport et d’un projet de loi tendant à la démonétisation de l’argent. Les clauses du bill avaient été soumises à l’examen de tous les principaux fonctionnaires du trésor, aux directeurs des hôtels de monnaie, à bon nombre d’autres personnes compétentes, qui toutes avaient exprimé leur avis sur les changemens proposés. Le 25 avril 1870, le rapport et le bill, ainsi que la correspondance à laquelle ils avaient donné lieu, furent présentés au congrès par le secrétaire du trésor avec une pressante recommandation de faire à ces documens et aux suggestions qu’ils contenaient un accueil favorable.

Il est curieux de constater que jusqu’alors la démonétisation de l’argent était demandée, non comme aujourd’hui à cause d’une dépréciation excessive du métal, mais au contraire parce qu’il avait une valeur supérieure à celle de l’or. Le bill Knox fut adopté au sénat le 10 janvier 1871. La chambre s’en occupa, mais sans conclusion. Le secrétaire du trésor, dans ses rapports annuels au congrès en 1871 et 1872, recommanda de nouveau le bill de démonétisation. La dernière fois, il en donnait des raisons toutes nouvelles. La situation du marché de l’argent s’était singulièrement modifiée. La prime de 3 pour 100 avait disparu et déjà faisait place à une certaine perte. C’était le résultat à la fois d’un accroissement subit de la production des mines d’argent aux États-Unis et de la