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qu’on applique, comme de purs ornemens, à la couverture d’édifices célèbres. Cependant un pareil système n’a jamais convenu à des constructions sévères ; il nous semble donc fâcheux qu’il n’ait pas trouvé moyen de marquer et d’orner le centre de sa toiture par une autre adjonction que celle d’un placage découpé, très soigné et très fin de style, mais dont l’inutilité et le manque d’épaisseur sont désastreusement trahis par deux niches à vide, où des statues même ne dissimuleraient pas derrière elles la fuite d’un toit resté indépendant. Quoi qu’il en soit de ces petits détails, l’ensemble du projet de M. Albert Ballu est puissant et bien coordonné. Son exécution fera grand honneur à notre école et à notre pays.

De même qu’il n’est pas de monstre odieux qui, décrit par un vrai poète ou peint par un vrai peintre, ne puisse plaire aux yeux, il n’est pas de bâtiment administratif, si utilitaire qu’il soit, qui ne puisse, entre les mains d’un bon architecte, devenir une œuvre d’art agréable aux passans en même temps que commode aux habitans. Le génie, dans ce cas, c’est d’être simple ; la simplicité bien exprimée devient une splendeur. Il suffit, pour s’en convaincre, de regarder quelques-uns de ces bâtimens sans prétention, mais d’un rythme si bien établi, couvens, casernes, portes de ville, que nos architectes du XVIIe et du XVIIIe siècle ont bâtis dans presque toutes nos villes. Là, la bonne proportion des hauteurs et des largeurs, l’équilibre habile des pleins et des vides, le choix judicieux des ornemens rares, mais bien justifiés et bien appropriés, suffisent à faire du pavillon le plus modeste une œuvre charmante à voir. La multiplicité moderne des exigences administratives ne simplifie pas sans doute, dans cet ordre de travaux, la tâche des architectes ; néanmoins, elle ne saurait les dispenser de faire du beau avec de l’utile, pourvu qu’on leur laisse, à cet égard, une honnête liberté. C’est ce que pense, évidemment, M. Achille Hermant. Son projet de reconstruction pour la Mairie du VIIIe arrondissement n’annonce sans doute pas une rénovation inattendue du style municipal, mais il combine des élémens connus avec une grande habileté et un soin parfait du détail. On pourrait pourtant, ce semble, lui demander pour un édifice public qui doit être d’accès facile et large un portail central d’une tournure plus fière et plus généreuse. La Caserne des sapeurs-pompiers pour le XIIe arrondissement, par M. Roussi, malgré la présence de petits détails parasites, présente un ensemble de constructions bien appropriées à leur destination ; une tour-observatoire, très justifiée dans ce cas, lui donne un aspect assez expressif. Parmi les projets d’écoles, toujours assez nombreux, mais où l’on oublie trop souvent encore combien le voisinage des verdures, la liberté des horizons, l’aspect