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conformer aux habitudes de notre langue. Dans toutes ces transcriptions, il n’y a d’ailleurs que la terminaison qui diffère. Les élémens essentiels du nom, c’est, au commencement, une gutturale aspirée, à la fin, une dentale forte ; on les retrouve dans le nom de khiti, que les documens égyptiens donnent à ces mêmes tribus, dans celui de khati ou khatti, par lequel les désignent les textes assyriens. Ce sont toujours les mêmes consonnes ; quant aux voyelles, si elles paraissent varier, on sait qu’elles n’ont, dans toutes ces langues, qu’une importance secondaire ; la plupart d’entre elles n’étaient pas notées par l’écriture ; quelque doute plane toujours sur les valeurs que nous leur attribuons.

Si les Hétéens sont assez souvent mentionnés dans la Bible, ce n’est jamais que par voie d’allusion ; leur puissance était déjà sur son déclin quand les Hébreux sont entrés en Palestine. Sous leurs juges, puis sous leurs rois, ceux-ci n’ont pas en à lutter contre ces tribus, qui avaient leurs places fortes dans le nord de la Syrie, au-delà des limites les plus reculées que l’empire juif ait atteintes sous David et sous Salomon. Il est cependant facile de reconnaître une concordance frappante entre ces données et celles qui se dégagent de divers passages de la Bible. Quelques-uns de ceux-ci supposent le souvenir d’un temps où les Hétéens dominaient sur presque toute la Syrie. Ainsi, dans le fameux chapitre généalogique de la Genèse, le nom de Het est placé comme en vedette, avec celui de Sidon, en tête de la liste des fils de Chanaan[1]. Quand Abraham à Hébron choisit la grotte de Macpélah pour y faire sa sépulture et celle de sa famille, il y trouve des Hétéens ; c’est à cette race qu’appartient le propriétaire de la caverne achetée par le patriarche[2]. Dans un discours que l’Éternel adresse à Josué pour lui indiquer l’étendue du territoire qu’il va livrer aux descendans de Jacob, on trouve cette expression : « Tout le pays des Hétéens jusqu’à la grande mer vers le soleil couchant[3] ; » le narrateur semble avoir voulu désigner ainsi la contrée comprise entre le désert et l’Euphrate à l’Orient, et, à l’Occident, la Méditerranée. Ailleurs, dans le récit des espions qui] par l’ordre de Moïse, sont allés explorer la terre de Chanaan, les Hétéens sont nommés à côté des Jébuséens et des Amorrhéens, parmi les tribus qui habitent la montagne[4] ; ils figurent dans la liste des tribus chananéennes qui se liguent pour barrer le passage aux Israélites[5].

  1. Genèse, I, 15-16.
  2. Genèse, XXIII, 3-18 ; XXV, 9.
  3. Josué, I, 4.
  4. Nombres, XIII, 29-3°.
  5. Josué, IX, I ; XI, I. Dans les traditions qui ont trait au début de la période obscure et confuse qui précède l’établissement de la royauté, sous les premiers juges, les Hétéens sont encore mentionnés parmi les peuples chananéens au milieu desquels vivent les Israélites (Juges, III, 5).