Page:Revue des Deux Mondes - 1886 - tome 76.djvu/358

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

combinaison de tous ces organes et de la régularité de leurs mouvemens que dépend la course et la conduite de la torpille.

Que cette organisation compliquée marche régulièrement dans les exercices, et aussi, durant les navigations lointaines, à bord des navires assez grands pour être à l’abri des inconvéniens de la mer et pouvoir donner aux torpilles tous les soins d’entretien nécessaires ; qu’il en soit de même à bord des torpilleurs autonomes tant qu’ils feront un métier de gardes-côtes, peu à la mer, souvent au port, n’ayant jamais à braver de gros temps prolongé, je l’admets encore ; la torpille est une arme excellente, suffisamment sûre, suffisamment solide, on peut l’installer et la manier sans inconvénient dans un simple canot, dans les circonstances ordinaires, en y adaptant un tube de lancement et les accessoires ; mais n’exagérons pas. Du moment que vous voulez faire des bâtimens de mer de vos torpilleurs autonomes, on peut se demander si un tel ensemble de mécanisme, compliqué et assez délicat, peut supporter sans dommage tous les hasards de la guerre et des voyages lointains à bord d’aussi petits bateaux constamment agités par une trépidation excessive, toujours battus, secoués, couverts par la mer qui suinte partout, des bateaux où tout soin, tout entretien, toute précaution est souvent impossible et toujours difficile ; on peut se demander si, un beau jour, au moment décisif, la torpille, atteinte d’un mal intérieur, ne trompera pas votre espoir : c’est encore une chance en faveur du vaisseau. Quoi qu’il en soit, continuons d’examiner les circonstances du lancement de la torpille à la mer. Comme on le dit très bien dans la Réforme de la marine, « le tube de lancement est un véritable canon, mais son action se borne à projeter la torpille à quelques mètres, de sorte que la pression de la chasse est toujours très petite. » Cette projection doit avoir lieu au moment précis où l’homme de barre tient bien exactement le cap du bateau sur le but ; la torpille s’ébranle ; « une sorte de clé, placée au milieu du tube, ouvre le réservoir d’air n qui met la machine en marche ; la torpille sort du tube, tombe à l’eau, prend son immersion, et alors seulement, par l’effet de l’hélice, elle s’élance et suit sa course dans la direction donnée. La torpille éprouve donc deux mouvemens bien distincts, et trois à la rigueur ; le premier de projection hors du tube, le second d’immersion, et le troisième de mise en marche dans l’eau à la vitesse d’environ 10 à 12 mètres par seconde, pendant les 3 ou 400 premiers mètres.

Il y a là un moment de transition dans lequel plusieurs circonstances devront coïncider et plusieurs opérations s’accomplir presque simultanément. J’ai déjà dit que la mer pouvait déranger le pointage ; j’ajouterai ceci : la torpille est projetée ; elle n’a plus