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pour parer les effets des feux de mousqueterie. Il ne sera fait d’exception à cette règle que pour la protection du poste de commandement et pour celle du réduit ou des tourelles qui contiennent les gros canons. La concentration de la défense autour des pièces rend ici la protection formidable. Mais sans nous appesantir davantage sur ce qui se rattache à l’armement, nous envisagerons ce qui forme le siège de la vie du bâtiment de guerre, et nous examinerons les effets de l’artillerie sur les points dont il peut être question du moment que la flottabilité n’est plus en cause et qui sont : le poste de commandement, la machine, le gouvernail et sa barre.

La question du poste de commandement est une des plus graves qui puissent intéresser le sort de notre prochaine rencontre navale.

Ici, tout est à créer. Les quelques vestiges d’installation qui existent ne concernent du reste que le capitaine du vaisseau, et laissent à découvert ses agens. Dans l’état actuel de ces dispositions, le capitaine n’a que cette alternative : s’il se place dans la tour cuirassée qui représente le poste de commandement à bord de quelques types qui n’ont pas encore disparu, il n’aura aucune vue: il sera dans l’impossibilité, par exemple, de préparer un coup d’éperon ou de l’éviter. s’il sort de cet abri, il sera tué comme le fut Nelson, qui tomba sous une balle tirée par un gabier français. Aujourd’hui les feux de salve, les feux individuels, envoyés avec des armes de précision bien servies, le mettront dans l’impossibilité de conserver son poste... En supposant qu’il fût épargné, il verrait tomber autour de lui ses collaborateurs indispensables, l’officier en second, qui ne doit pas le quitter, les officiers, ses agens immédiats, les transmetteurs d’ordres, les timoniers, qui doivent interpréter les signaux et y répondre.

Ce problème est d’une solution difficile et délicate : difficile, car les deux termes principaux, la protection et la vue, semblent s’exclure l’un l’autre ; délicate, car la préparation de la victoire, seule, peut justifier la protection individuelle du chef devant les officiers et l’équipage.

On se donnera les meilleures chances de résoudre la question matérielle en en définissant exactement les termes et en la mettant à un concours auquel l’industrie pourra prendre part. C’est elle qui, par certaines préparations des corps transparens, pourra concilier la vue et la protection. Une disposition qui fournirait la protection contre les balles des fusils et des canons revolvers de 0m, 037, en abandonnant la protection contre le boulet, serait déjà un résultat en avant marqué. — l’auteur du projet de bélier sans artillerie avait préparé la protection du commandement contre le boulet seulement. Il disait : « Le capitaine du bélier n’aura qu’une chance contre lui, celle de perdre la tête; c’est la seule partie