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mètres de profondeur moyenne, renferment huit parties d’oxygène pour une seule partie d’hydrogène. De plus, tous les minéraux qui composent la croûte terrestre sont des matières oxygénées, à part d’infimes exceptions (pétroles, charbons, métaux natifs). Inversement, il n’est pas impossible de calculer assez exactement la dose totale d’azote qui est échue en partage à notre planète, car celui-ci ne contracte pas volontiers d’union avec les autres élémens. Le peu de composés azotés que renferment les terres arables, les tissus animaux ou végétaux, ne saurait en aucune façon contre-balancer l’énorme masse aérienne, qui est mélangée d’un cinquième d’oxygène seulement jointe au fluide de même nature retenu par les eaux. Comme il est peu probable que les minéraux azotés, si rares à la superficie du globe, soient abondans vers le centre, il s’ensuit que l’atmosphère et les mers une fois jaugés, le poids demandé s’obtient grâce à un calcul facile. On ne saurait fournir de chiffres analogues à l’égard d’aucun autre élément ni de l’hydrogène, ni du silicium, qui est le véritable roi du monde minéral, de même que le carbone, tout en figurant avantageusement dans la charpente de la terre, sous forme de calcaire, domine la nature organique, dont il est le noyau et la base. On a calculé que quatorze corps simples, qui semblent s’accoupler deux par deux, suivant une loi harmonique, et qui presque tous sont des chefs de file de groupes naturels, dominent, dans notre monde, d’une façon remarquable en éclipsant leurs congénères. N’oublions pas de dire que le centre du globe, étant plus lourd que la périphérie, renferme sans doute plus de matières denses ; par conséquent, peut-être, que les métaux précieux y sont plus répandus. Ces derniers ne sont abondans que dans certaines régions limitées où on les exploite. D’autres matières sont diffusées un peu partout. Non-seulement on les retrouve grâce à l’analyse spectrale, — réactif qui n’a qu’un défaut, celui d’être trop sensible, — mais il arrive aussi qu’un chimiste soigneux fait de curieuses découvertes en étudiant de près les « cendres » ou en observant la « perte au feu. » Le fluor, par exemple, n’est pas seulement répandu dans les granits ou les roches micacées, dans lesquels il n’entre d’ailleurs qu’à petites doses, mais les savans ont signalé sa présence dans l’émail des dents et jusque dans les vins naturels.

Nous serions fort embarrassés de dire quel est le métal le plus précieux, — c’est-à-dire le plus cher, — car la valeur de l’or n’est certes pas considérable à côté du prix d’autres substances presque inconnues. On n’achète pas tous les jours du rhodium ou du ruthénium, et le « cours » subit d’étonnantes fluctuations ; cependant, il y a peu d’années, l’iridium tenait la tête. Parfois, un nouveau procédé