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blessure qui aurait pu s’envenimer, et M. Tisza, en ouvrant il y a quelques jours une exposition historique, a retrouvé les accens les plus éloquens pour recommander l’union entre l’armée et la nation. C’est certainement la meilleure fin d’un incident pénible et la préparation la plus heureuse des fêtes par lesquelles on va célébrer en commun l’anniversaire de la délivrance de Bude. L’accord des deux parties de l’empire est pour l’Autriche la plus sûre garantie d’indépendance et de force.

Lorsque le parlement d’Angleterre s’est retrouvé à Westminster au commencement du mois, ce n’était encore qu’une réunion préliminaire, une première rencontre de la nouvelle chambre des communes et des nouveaux ministres qui avaient à se faire réélire avant d’entrer dans leur rôle. Maintenant la cérémonie de la réélection est accomplie et la session réelle a commencé, il y a quelques jours seulement ; elle a été ouverte par un message de la reine qui, à vrai dire, n’a rien de saillant ni de bien caractéristique. On ne s’attendait pas, sans doute, à quelque ample exposé de toutes les affaires qui préoccupent l’Angleterre, à des déclarations décisives ; on a eu peut-être encore moins que ce qu’on attendait. Le discours par lequel la reine, ou pour mieux dire le ministère sous le nom de la reine, a inauguré le nouveau parlement, est d’un laconisme et d’une insignifiance visiblement calculés. Il n’est certes pas compromettant. Il ne dit rien de la politique extérieure et des relations de l’Angleterre. Il se borne à constater que le pays, par les récentes élections, n’a fait que confirmer le vote du dernier parlement sur la question irlandaise. Il ne demande aux chambres que le budget et les mesures les plus essentielles au fonctionnement des services publics. En un mot, c’est le programme d’une session qu’on tient à abréger le plus possible en la réduisant au strict nécessaire, et en ajournant les grandes questions à la session d’hiver. Ce qu’il y a de plus intéressant aujourd’hui pour l’Angleterre n’est point, d’ailleurs, dans le message de la reine qui ne dit rien ; il faut l’aller chercher dans la discussion qui s’est engagée à l’occasion de ce message, dans les discours que lord Salisbury a prononcés successivement au dernier banquet du lord-maire, puis devant la chambre des pairs, et où il laisse entrevoir sa politique, tout au moins ses dispositions d’esprit. L’intérêt du moment pour les Anglais est dans la situation même qui n’a peut-être fait que se compliquer et s’aggraver depuis quelques jours, en créant des difficultés nouvelles au ministère nouvellement constitué.

Le fait est que le nouveau ministère de la reine Victoria a, pour ses débuts, d’assez épineuses affaires sur les bras. Que le parlement se conforme au programme qu’on lui a tracé en se hâtant de voter le budget et en se retirant ou qu’il prolonge sa session de quelques se-