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vérifier si le produit accusé des ventes correspond à la quantité des objets vendus. Il en a été de même des subventions particulières et des offrandes faites pour l’Exposition : la cour des comptes, «après avoir épuisé tous les moyens d’information, » déclare «qu’elle fait les réserves les plus formelles en ce qui concerne les divers produits de l’Exposition, qui n’ont pas été intégralement justifiés devant elle. » Voici qui est plus grave : la cour des comptes n’a pu obtenir du ministère des finances aucune explication quant à la date et au taux d’émission de 982,530 francs de rentes, reliquat de l’emprunt de 439 millions autorisé par la loi de 1878. La cour des comptes a également constaté que, sur le produit des rentes ayant appartenu à la caisse de la dotation de l’armée, produit qui devait être versé intégralement à la caisse des dépôts et consignations et avait une affectation légale, 3 millions environ avaient été, en 1878, détournés de cette affectation et employés, sans autorisation législative, à parfaire les intérêts de la dette flottante. La cour dit à ce sujet : « La loi du 5 juillet 1875 avait affecté au compte de liquidation le produit des rentes disponibles de la dotation de l’armée. Les arrérages, ainsi que le capital résultant de la négociation des titres sortis du portefeuille de la caisse des dépôts et consignations pour, être attribués à ce compte, devaient, en totalité, recevoir la destination prévue par la loi. Aucune fraction de ces produits, d’une nature essentiellement budgétaire, sans corrélation avec les opérations normales de trésorerie, n’appartenait légitimement à la dette flottante. Les prélèvemens opérés pour accroître les crédits de ce service doivent être considérés comme irréguliers. »

C’est surtout au profit des personnes qu’on veut favoriser que ces viremens subreptices se sont multipliés. La cour des comptes dit à cet égard, dans ses observations générales sur l’exercice 1880 : « Nous devons insister de nouveau sur l’accroissement irrégulier des crédits ouverts au chapitre Ier pour le personnel de l’administration centrale, par l’imputation sur d’autres chapitres, soit d’indemnités permanentes qui constituent de véritables traitemens, soit d’indemnités ou de gratifications extraordinaires. L’examen des comptes de 1880 a permis de constater, en effet, à côté de certaines régularisations, le maintien ou même l’aggravation des irrégularités anciennes. » Il paraît que c’est au ministère de l’instruction publique que ces abus se commettent sur la plus large échelle et avec le plus de fréquence. Après avoir rappelé qu’en 1879 une partie notable des traitemens ou indemnités attribués au personnel de l’administration centrale de ce ministère avaient été payés sur différens chapitres du budget autres que le chapitre 1er spécialement affecté à ce service, la cour des comptes constate que, malgré les engagemens pris par le ministre devant