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défaut pour examiner tous les projets qui leur sont soumis, ils s’occupent d’abord de ceux qui leur paraissent, à eux, les plus importans et surtout de ceux qu’ils formulent eux-mêmes. Après deux ans, le congrès arrive à son terme ; de nouvelles élections ont lieu, et tout ce qui n’a pas été présenté à la chambre tombe dans le néant. Des milliers de bills s’évanouissent ainsi ; ils n’ont pas été rejetés ; ils n’ont pas même été lus : leur tour n’est pas arrivé.

Les comités ne peuvent prendre eux-mêmes l’initiative d’un bill. Mais un de leurs membres le présente à l’appel du lundi ; il est renvoyé au comité compétent, qui l’examine sans désemparer et le soumet à la chambre, laquelle d’ordinaire l’adopte ; c’est ainsi seulement que les ministres peuvent saisir le congrès d’un projet de loi. Ce sont donc les comités seuls qui préparent les lois, et, de plus, ainsi qu’on va le voir, ce sont eux seuls qui ordinairement les l’ont voter.

Comme la chambre, même en prolongeant ses sessions, ne peut prendre connaissance de tous les rapports présentés par ses quarante-sept comités, ceux-ci sont amenés à se disputer le tour d’inscription que le président règle. Seuls, quatre comités passent avant tous les autres, parce qu’ils traitent de matières qui ne souffrent pas de retard. Ce sont ceux qui s’occupent des élections, des impressions, des voies et moyens et des appropriations.

La chambre doit toujours expédier la besogne en très grande hâte, car elle a peu de séances disponibles. Le lundi est pris par l’appel des états au nom desquels des bills sont déposés ; le vendredi est le jour des bills privés (private bills) et, le samedi, il y a ordinairement vacances. Reste donc trois jours par semaine, dont une partie est prise par les résolutions adoptées en venu d’un consentement unanime et de la suspension du règlement. Chacun est donc pressé d’en finir le plus tôt possible, la chambre, parce qu’elle sait qu’elle ne pourra, quoi qu’elle fasse, accomplir que le dixième de sa tâche ; et chacun des membres, parce qu’il désire voir arriver en discussion les projets et les rapports du comité dont il fait partie. Le comité qui a la parole (holding the floor) est pressé aussi, parce qu’il a toujours d’autres bills qu’il croit pouvoir faire arriver en temps utile. La discussion est, en conséquence, limitée dans des bornes si étroites que toute délibération sérieuse est supprimée.

Le rapporteur du comité dispose d’une heure pour faire connaître les résolutions du comité qu’il représente ; mais il n’occupe pas cette heure tout entière. Il est d’usage qu’il en cède quelques minutes à divers orateurs. Seulement, comme le temps lui appartient sans réserve, c’est de lui qu’il faut obtenir le droit de prendre la parole. Le fair play, la lutte loyale exige qu’il l’accorde aussi à ses adversaires. Mais gare à eux s’ils dépassent le nombre exact des minutes