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du culte. Son idéal impliquait la religion d’état et un roi protégeant par son glaive le culte pur de Iahvé. Les mesures de Josias répondent si parfaitement à ce programme qu’on ne peut se défendre de l’idée que, derrière tous ses actes de réforme, était Jérémie. Si l’on objecte qu’un prêtre d’Anatoth a pu difficilement participer à la suppression des cultes locaux, on peut répondre que ce prêtre d’Anatoth était en guerre ouverte avec sa famille, qui voulait le tuer. Qui sait si cette haine n’avait pas pour origine les sentimens que put exprimer de bonne heure le jeune Jérémie sur les abus de ces cultes de village, où devaient se mêler tant de détails indignes de la Divinité ?


IV

Toutes les réformes de Josias furent faites en exécution d’une loi de Iahvé, censée révélée à Moïse. Avant le règne de Josias, on avait souvent parlé d’une loi ou thora de Iahvé, renfermant l’ensemble de ses volontés, son pacte en quelque sorte avec Israël. Nous avons vu que la rédaction de l’Histoire sainte dite jéhoviste contenait un petit code de ce genre, appelé le Livre de l’Alliance, conçu particulièrement au point de vue du royaume d’Israël et censé révélé au Sinaï. La rédaction élohiste contenait des prescriptions morales analogues (ce qu’on appelle le Décalogue), d’un caractère plus général, censées également révélées au Sinaï. Les deux petites législations religieuses étaient réunies et se complétaient l’une l’autre, dans le texte combiné que nous croyons avoir été fait vers la fin du règne d’Ézéchias. Le temple vit se former, peut-être dès le temps d’Ézéchias, de petits codes relatifs à des points spéciaux, par exemple, les règlemens concernant les lépreux, la liste des animaux impurs, etc. Il y avait, en outre, des petits poèmes moraux, des psaumes, ayant la prétention de renfermer en quelques articles tout l’enseignement moral de Iahvé.

Tout cela constituait un ensemble suffisant pour justifier des phrases comme celle-ci : « Observer la loi de Iahvé,.. conformément à la loi, c’est-à-dire aux préceptes de Iahvé. » Il n’y avait pas, cependant, un livre qui pût précisément s’appeler la Thora. Il faut se souvenir, d’ailleurs, que la vieille Histoire sainte avait une publicité très restreinte, qu’il n’en existait peut-être qu’un seul exemplaire, que le livre à cette époque était comme la stèle de pierre, une chose sans seconde. On ne savait pas ce que c’était que recopier. Quand on avait à recopier un livre, on faisait un autre livre, en ajoutant, en retranchant, en combinant. Parmi les