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Hartington et M. Goschen, M. Forster, que bientôt la mort allait enlever, lord Selborne, lord Northbrook, le duc d’Argyll, lord Richard Grosvenor, M. Courtney, lord Cowper. Sir Henry James refusa le grand sceau. M. John Morley, depuis longtemps acquis aux idées du home rule, fut nommé secrétaire pour l’Irlande. M. Gladstone mit lord Rosebery aux affaires étrangères, lord Granville aux colonies, sir William Harcourt aux finances, M. Childers à l’intérieur. Lord Spencer fut président du conseil ; M. Campbell-Bannerman, un home ruler de fraîche date, eut la guerre, lord Ripon la marine, M. Mundella le commerce. M. Chamberlain, bien que partisan résolu, comme on l’a vu, d’un système de décentralisation dans toutes les parties du royaume-uni, s’était prononcé très nettement contre la concession d’une législature séparée pour l’Irlande ; il entra pourtant dans le cabinet comme président du bureau du gouvernement local. M. Trevelyan, qui s’était fait de même l’avocat du maintien du contrôle impérial sur l’Irlande, accepta le poste de secrétaire pour l’Ecosse. Pour gagner ces deux collaborateurs, M. Gladstone avait dû leur déclarer que le principe sur lequel se constituait le cabinet, était l’examen approfondi de la question irlandaise. Il semblait entendu que rien n’était encore engagé ; et cependant M. Gladstone avait déjà tout son plan formellement arrêté.

Le parlement reprit ses travaux le 18 février. M. Gladstone demanda que la chambre des communes s’occupât du budget avant toute autre affaire, déclarant en même temps que le cabinet étudiait de graves questions, et que cette étude pourrait bien se prolonger pendant quelques semaines encore ; un membre du cabinet fixa, pour la révélation des plans du cabinet, la date du 1er avril, ce qui parut assez plaisant. Sir Michael Hicks-Beach et lord Randolph Churchill cherchaient à obtenir des informations plus précises sur les intentions du gouvernement, et présentaient même à ce sujet un amendement à une des lois financières. Par 364 voix contre 204, la chambre décida de laisser à M. Gladstone tout le loisir d’élaborer ses projets. Certains libéraux cependant étaient sérieusement inquiets. En mars, lord Hartington, parlant au Eighty Club, déclara que, malgré sa répugnance à donner le signal d’un conflit, il devait aviser ses coreligionnaires politiques de la nécessité de conserver leur liberté d’action et de ne point s’abandonner aveuglément à la direction d’un homme d’état, si séduisant, si éminent qu’il fût. Cette protestation d’indépendance était à peine lancée qu’une scission éclata dans le cabinet. M. Gladstone s’était décidé, le 13 mars, à faire connaître à ses collègues les détails de son plan de home rule, M. Chamberlain et M. Trevelyan, édifiés sur le caractère et la portée des propositions du premier ministre, donnèrent aussitôt leur