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à l’ombre à midi, et cependant même en cette saison les nuits sont très fraîches. C’est dans cette région que se trouvent les villes de Koumicha, Ispahan, Koum, Kachan, Téhéran, Hamadan.

La seconde zone, comprenant le Fars, les montagnes des Bakhtyaris, le Luristan, ne possède pas d’autre ville importante que Chiraz. En négligeant les accidens de détail, on peut comparer cette partie de la Perse à un immense escalier d’environ 2,500 mètres de hauteur et dont la longueur dépasse 1,000 kilomètres du nord-ouest au sud-est. Il est formé d’une dizaine de gradins environ, présentant ainsi au voyageur qui se rend du Golfe-Persique dans l’Iran une série de plateaux de plus en plus élevés. Pour passer de l’un sur l’autre, il faut gravir des rampes très raides que les gens du pays appellent des kotals.

A l’inverse de ce qui existe pour les hauts plateaux, l’eau de surface, douce ou saumâtre suivant l’altitude, est très abondante par suite de plusieurs causes. D’abord, une couche imperméable est presque partout au niveau du fond des vallées. Puis les hauts sommets de ces montagnes qui font face au Golfe-Persique, et, par suite, arrêtent les vents humides de la mer, sont couverts de neige de la fin de novembre au commencement de juin. Cette neige, en fondant, entretient sur le flanc de la montagne des lacs, des torrens, des ruisseaux qui donnent dans les vallées la fraîcheur et la verdure, et se réunissent pour former les grands fleuves de l’Arabistan. Aussi trouve-t-on dans ces régions des arbres, presque toujours le noyer ou le chêne à grandes feuilles. Ils sont même par endroits réunis d’une façon assez dense pour mériter le nom de forêts.

La partie méridionale de cette chaîne : le Fars possède une petite ville sur chaque plateau depuis Bender-Bouchire jusqu’à Chiraz. Vers le nord, la montagne est habitée par les Bakhtyaris et les Loris, qui vivent sous des tentes et promènent leurs troupeaux dans les hautes vallées.

Une grande plaine, qui descend en pente douce du pied des montagnes au rivage du Golfe-Persique, forme la quatrième partie de la Perse. On y trouve deux villes assez considérables : Chouster et Dizfoul; Bebahan, Ram-Hormuz, Havizeh, Ahwaz, sont de moindre importance : il y a encore quelques villages au long des cours d’eau. Le reste du pays est parcouru par des tribus d’Arabes qui promènent d’endroit en endroit leurs tentes de laine noire en poussant devant eux leurs troupeaux de chameaux, de moutons et de bœufs ; ils ont des buffles si les terres, qui leur sont louées moyennant impôt, sont parcourues par une rivière. Cette plaine est arrosée par de très grands fleuves : le Karkhah, le Karoun, l’Allar, le Kurdistan et d’autres rivières de moindre importance. Très favorisée par la nature, elle n’a contre elle que la prodigieuse chaleur