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voisine tout ce qu’il plaît aux habitans de lui confier. On ne peut assurément qu’engager les municipalités à s’imposer des sacrifices pour développer leur canalisation souterraine. Il faut leur rappeler qu’à défaut d’égouts en maçonnerie, dont le prix est très élevé, on peut, comme dans beaucoup de villes étrangères, se contenter de tuyaux de grès qui coûtent moins cher et peuvent remplir le même office quand ils sont d’un diamètre suffisant; mais, en somme, l’hygiène ne doit pas se montrer trop exigeante, et, pourvu que les ruisseaux soient bien nettoyés et parcourus par une quantité d’eau convenable, pourvu que les canaux soient l’objet des mêmes soins et qu’on ne laisse rien s’y accumuler, les conditions les plus indispensables de la santé publique seront remplies.

Quant aux villages et aux hameaux, qui pratiquent le « tout au fumier » et ne peuvent pas faire autre chose, il suffit que ces dépôts soient portés à une distance convenable de la voie publique, que celle-ci soit bien nettoyée et qu’il en soit de même des ruisseaux et des cours.

La propreté des maisons est aussi nécessaire que celle de la rue; mais elle est plus difficile à obtenir, parce qu’on n’a pas le droit d’y exercer la même surveillance. Cependant, il est un point sur lequel la police peut encore avoir action : c’est celui qui concerne les logemens insalubres. La loi du 13 avril 1850, malgré son caractère facultatif, ses lenteurs juridiques et sa sanction pénale insuffisante, donne à l’autorité municipale le pouvoir d’intervenir et les moyens de remédier aux dangers les plus pressans. Cette loi, d’ailleurs, ne peut manquer d’être prochainement modifiée. Sa révision est depuis longtemps réclamée, et le projet déposé par M. Martin Nadaud sur le bureau de la chambre des députés, le 3 décembre 1881, ne restera pas toujours à l’état de lettre morte.

C’est une question du plus haut intérêt que celle-là; toutes les villes ont de ces cloaques, de ces bouges où grouille une population pauvre, malpropre et souvent suspecte. C’est là que la police fait ses plus nombreuses captures, et c’est également par là que débutent toutes les épidémies. Ces quartiers, derniers vestiges de la cour des Miracles, sont des foyers tout prêts pour les maladies contagieuses, un terrain qui ne demande qu’à être ensemencé par leurs germes, pour les multiplier et les répandre sur la ville entière.

Pour empêcher leur propagation, il n’y a pas d’autre moyen que de détruire et de désinfecter leurs repaires aussitôt que le fléau y éclate. C’est ce qui a été fait avec un plein succès, à Paris, en 1884 ; mais il serait infiniment préférable de prendre ses précautions à l’avance, de détruire ou d’assainir ces foyers de la contagion avant qu’elle s’y manifeste. Il en existe dans toutes les villes; mais ils sont d’autant