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nouvelles en échange des anciennes. Les charges annuelles de la Tunisie se trouvèrent ainsi réduites de plus de 1 million l/2. Les opérations du remboursement et de la conversion eurent lieu de juin à octobre 1884 ; le jour où elles prirent fin, la commission financière était supprimée. — Le 13 octobre, on inaugura, la nouvelle administration financière de la régence.

La transition s’opéra d’un régime à l’autre sans trouble, pour ainsi dire sans qu’on s’en aperçût, par les soins du vice-président de la commission financière, un Français, investi dès 1882 du titre de directeur des finances et des pouvoirs qui lui étaient nécessaires pour préparer cette transformation. — Le président de l’ancienne administration des revenus concédés, un Français aussi, fut nommé directeur des contributions diverses ; le directeur des douanes avait été choisi presque une année d’avance en Algérie. Un receveur général et des inspecteurs complétèrent cette organisation peu compliquée. — Une enquête, préparée de longue main, permit aux nouveaux directeurs d’éliminer parmi les agens de la commission et de l’administration beylicale les moins utiles et de conserver ceux dont l’expérience, la bonne réputation nous offraient un précieux secours. Tous les services publics furent constitués en directions générales ou en ministères et pourvus de fonds. Chaque directeur ou chaque ministre prépare son budget spécial ; la direction des finances centralise ces divers projets, y ajoute, avec le sien le budget des recettes et établit le budget général de l’état ; le conseil des ministres et des directeurs généraux, — Conseil de gouvernement que doit convoquer et consulter au moins une fois par mois le résident, — se réunit pour le discuter, l’approuver et le soumettre à la sanction du bey, après quoi le Journal officiel tunisien le publie. Les impôts sont perçus en vertu de lois ; chacun peut donc savoir ce qu’il doit ; les contribuables n’ont plus à craindre les mesures arbitraires et ne sont plus exposés à payer deux fois. Aucune taxe ne doit être perçue sans qu’il en soit délivré un reçu : la législation qui régissait très irrégulièrement les perceptions a été révisée, unifiée ; le produit des impôts ne peut plus être détourné de sa destination, les dépenses ne peuvent être engagées qu’en vertu d’un crédit régulièrement ouvert et sont payées sur mandat.

Les conséquences de ces innovations ne se sont pas fait attendre : les recettes ont augmenté à tel point que le nouveau gouvernement a pu élever à près de 26 millions de francs pour 1886-1887 le budget de ses dépenses, qui atteignait à peine 12 millions en 1882-1883, et se constituer un fonds de réserve de 11 millions de francs en prévision des mauvaises années (11 juillet 1886). Il est arrivé à s’assurer sur ses seules ressources » sans contribution de la métropole, un budget supérieur en fait à la subvention annuelle