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de 30 millions que nous accordons au Tonkin. On peut dire qu’en quatre années, grâce à l’augmentation de ses recettes et à la réduction de sa dette, la Tunisie a quadruplé ses ressources, puisqu’en 1882, sur 12 millions elle en devait payer près de 8 aux créanciers et n’en gardait pas même 5 pour ses dépenses, tandis qu’aujourd’hui, — sans même tenir compte du fonds de réserve, — il lui en reste plus de 19. Et le pays n’est pas repeuplé comme il le sera d’ici dix années ; les cultures européennes sont dans la période des sacrifices et ne donneront les résultats qu’on attend d’elles qu’un peu plus tard. En outre, un grand nombre d’impôts ont été volontairement diminués en vue de l’avenir dès la première année ; on a sacrifié ceux qu’il était trop onéreux à la Tunisie de fournir ; on a supprimé successivement les droits d’exportation sur les blés, l’orge, les légumes, les volailles, les œufs, la farine, sur les chéchias, ces toques rouges que Tunis fabrique et expédie dans tout l’Orient, ainsi que beaucoup d’autres droits plus ou moins variables et vagues que percevaient les douanes ; on a abaissé le droit sur les huiles, supprimé le barbare droit de police dont nous ferons mention plus tard, etc. Ces dégrèvemens équivalent à des dépenses de premier établissement. Quant aux droits à l’importation, on pourrait croire qu’ils ont payé pour tous les autres et que nous les avons beaucoup élevés ; non. les traités passés par le bey dès 1868 avec l’Italie, puis avec l’Angleterre et toutes les autres puissances, lient l’administration tunisienne et lui interdisent de frapper les provenances étrangères d’un droit supérieur à 8 pour 100 à la valeur. Les douanes du protectorat perçoivent sur certains articles anglais, par exemple, 30 pour 100 de moins que les douanes algériennes. Les revenus de la Tunisie n’ont donc augmenté que parce qu’ils ont été mieux perçus, et ils seront vraisemblablement décuplés dans quelques années.


II.

Les créanciers ayant touché leur rente de 6,307,000 francs, plus de 19 millions, avons-nous dit, restent à l’état et peuvent être employés à des dépenses productives. Les deux tiers en sont consacrés aux travaux publics (7,326,000 francs au port de Tunis). Le dernier tiers se subdivise à l’infini. D’abord on paie les fonctionnaires. Les sinécures sont supprimées ; le ministre de la marine n’est plus qu’un souvenir ; celui de la guérie a cédé la place au commandant du corps d’occupation (Gal Forgemol, Gal Logerot, Gal Boulanger, etc.), qui se charge de l’organisation de l’armée, comme notre ministre résident dirige les affaires étrangères, c’est-à-dire, — Cela est à noter, — sans supplément de traitement. Voilà donc, au point de vue du