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LES
INQUIÉTUDES DU JOUR


I.

« L’Allemagne veut la paix. La France veut la revanche. Jamais elle ne s’est résignée aux pertes de territoire et d’influence qui ont suivi sa défaite. Ses difficultés intérieures qui grandissent, au lieu de rendre la guerre moins à craindre, la peuvent précipiter. Déjà un soldat a surgi, seul populaire dans la nation : cette subite fortune n’a pas de cause si elle n’atteste le retour des ardeurs militaires ; elle n’aurait pas de durée si le chef qui a réveillé l’orgueil national par des paroles ne le satisfaisait par des actes. La lutte peut éclater dans dix ans ou dans dix jours. »

Ainsi a parlé l’Allemagne. Elle peut être fière de sa puissance. A la voix de son chancelier, la Bourse a varié plus qu’après une grande bataille, les imaginations souffrent comme les intérêts, et la crainte seule de la guerre cause au monde une partie du mal que la guerre déchaînerait.

La responsabilité de ces maux doit-elle peser sur la France?

Il est vrai que dès 1871 et au jour même où elle signait la paix, la France garda encore une ambition. Elle voulut recouvrer assez de forces pour se défendre contre de nouvelles attaques : elle ne voulut