Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 80.djvu/157

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dont 7 de grandes dimensions, et, en outre, de 28 torpilleurs montés par 360 hommes. À ces forces matérielles, il faut ajouter l’habileté supérieure des marins grecs et la facilité avec laquelle ils font jouer un rôle militaire à un navire construit pour le commerce. Il faut compter aussi dans le calcul la valeur du soldat, sa sobriété, son coup d’œil dans la montagne, sa souplesse sans égale et son dévoûment à la patrie. Toutes ces qualités, les Hellènes de l’indépendance les ont montrées pendant sept ou huit années consécutives. Leurs fils les ont déployées de nouveau par les volontaires qu’ils nous ont envoyés en 1870. L’année dernière enfin, ils ont eu le temps de les manifester dans d’inutiles escarmouches contre les Turcs.

Quant aux relations extérieures de la Grèce, on peut les saisir dans leur ensemble et en suivre le développement depuis l’origine jusqu’aujourd’hui. Ses efforts ont d’abord eu pour but de la dégager des compétitions diplomatiques sur son propre sol. c’est à cela qu’ont abouti ses révolutions ; c’est seulement depuis la dernière, qui a eu pour conséquence la nomination du roi George, que la nation est devenue maîtresse chez elle. Mais, en même temps, elle s’isolait et perdait en grande partie la protection des puissances. Son second effort lui a permis de pénétrer dans les conseils de l’Europe, d’assister aux conférences diplomatiques, aux congrès et de commencer à revendiquer utilement les droits historiques des populations chrétiennes. Le résultat de cette intervention a été l’annexion de la Thessalie et d’une petite portion de l’Épire. À cette époque, le gouvernement hellénique jugeait déjà qu’il fallait appuyer ses revendications par une force militaire; il ne se trompait point, puisque l’accroissement du royaume fut la récompense de son inaction dans la guerre ; cette abstention fut tenue pour un acte de sagesse. En outre, la situation diplomatique de la Grèce s’améliorait au même moment ; car s’il est une partie de la Turquie d’Europe qui mérite de recouvrer son indépendance, c’est l’Épire; l’Épire avait tenu le premier rang dans la « lutte sacrée. » Quand on décida, il y a cinq ans, que la Grèce devait céder sur ce point et se rendre aux exigences de la Porte, la Grèce céda; mais ce qu’elle sacrifiait alors, c’était un droit incontestable de l’hellénisme, et, en cédant, elle réservait l’avenir.

La Société pour la propagation des lettres grecques venait de publier, en 1878, une grande carte ethnocratique des pays grecs, bulgares, albanais, serbes et roumains ; le titre signifiait que la coloration des territoires indiquait la nationalité dominante dans chaque contrée. Les Roumains et les Serbes sont nettement circonscrits. Les Bulgares dominent de Nisch à Varna, occupant même la partie nord-ouest de la Macédoine. Mais la contrée qui a pour centre Philippopolis, toute la Thrace et le sud-est de la Macédoine, compte les