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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




14 avril.

Toutes les fois que reviennent ces bienheureux jours de vacances qui voient le Luxembourg et le Palais-Bourbon fermés, notre monde politique dispersé, c’est invariable, il y a un sentiment soudain et indéfinissable de soulagement. On se dit que pendant quelques jours, pendant quelques semaines, il n’y aura ni vaines interpellations, ni intrigues, ni discussions sans profit et sans issue. Ce que ne feront pas nos politiques agités et ahuris pendant un mois, c’est visiblement autant de gagné.

On paraissait avoir, cette année plus que jamais, l’impatience de partir, d’aller prendre le repos de Pâques, comme si l’on avait bien fructueusement employé la dernière session d’hiver ; c’est tout au plus si, avant la dispersion, on a pris le temps de nommer la commission du budget, qui ne s’est réunie que pour se séparer. Le gouvernement ne demandait certes pas mieux que d’avoir ce répit, d’échapper provisoirement aux assauts quotidiens, de pouvoir se dire qu’il est durable et viable au moins pour un mois. Quelques-uns des ministres et bon nombre de députés et de sénateurs se sont hâtés de profiter de l’occasion et du printemps pour se donner le luxe d’un voyage de plaisir circulaire. Ils sont partis gaîment, de compagnie, pour les pays méditerranéens, pour l’Algérie, en se promettant bien d’aller jusqu’à Tunis. M. le ministre de l’instruction publique va étudier la construction des palais scolaires chez les Kabyles. M. le ministre des travaux publics va inaugurer des chemins de fer. M. le ministre des postes et télégraphes croit de son devoir d’aller veiller de près au fonctionnement de ses services en Afrique. Les députés voyageurs vont apprendre l’art d’employer leurs vacances. Déjà les banquets ont commencé, et, bien entendu, les banquets ne vont pas sans les discours, où, selon l’usage de tous les régimes, on échange les plus vives félicitations. Tout