Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 81.djvu/11

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Chaque samedi, à dater du milieu de juin, le comte de Volvereins et Fabien d'Estreville, qui se retrouvaient à la gare, montaient en- semble dans le train du soir, dînaient l'un en face de l'autre dans le wagon-restaurant, où le charbon et la poussière complétaient l'assaisonnement de leur repas, et ils ne déparlaient guère avant que, réintégrés dans leur compartiment, la nuit noire les eût invi- tés ou contraints au sommeil. Le comte avait de grands projets financiers pour la campagne d'hiver, qui s'annonçait mouvemen- tée, cahotée, lucrative ou désastreuse, selon la manière de la com- prendre, de s'y engager et d'en sortir. Il les exposait avec la mé- thode d'un théoricien consommé et avec l'entrain d'un vaillant, habitué de longue date à ne pas bouder au feu. Le moment appro- chait donc où Fabien, piloté par son protecteur, allait tenter de ces coups hardis ou simplement opportuns par lesquels on enlève la for- (1) Voyez la Revue du 1"" et du 15 avril.