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cet égard aux troupes tous les ordres qu’il jugera convenables. » (Titre VI, art. 6.)

Venaient ensuite les titres II, III et V relatifs à la répartition des troupes sur les bases suivantes : 1° formation de tous les régimens en brigades permanentes, à l’exception des régimens de chasseurs et de hussards, qui, « vu la nature de leurs services, pourront à la guerre être employés séparément » et non compris: le 11e régiment suisse, « qui restera impair, » les gardes françaises, qui formaient à eux seuls une véritable brigade, les gardes suisses, le corps royal d’artillerie et les bataillons d’infanterie légère ; 2° formation des troupes en vingt et une divisions (21, au lieu de 16, comme dans le projet de Saint-Germain), commandées par un lieutenant-général ; 3° incompatibilité des fonctions de commandant en chef d’une province et de celles de commandant d’une division, le roi se réservant, afin de supprimer le plus de doubles emplois possible, de réunir les commandemens de division aux commandemens en second des provinces. Telle était, dans ses traits généraux, la nouvelle formation établie par l’ordonnance du 17 mars. Que si, sans doute, elle offrait encore quelques lacunes et quelques superfétations, comme le maintien des commandemens de Province, qu’il eût mieux valu supprimer tout à fait, on reconnaîtra pourtant qu’elle constituait un grand progrès, et qu’en ce point du moins, la tâche de la future assemblée nationale était d’ores et déjà bien avancée.

Milices. — La milice se composait de 13 régimens de grenadiers royaux, de 14 régimens dits, provinciaux et de 178 bataillons de garnison.

L’histoire des grenadiers royaux est intimement liée à celle des dernières guerres du XVIIIe siècle. Gréés par d’Argenson au cours de la campagne de 1744, ils n’ont pas tout d’abord d’existence autonome. Ils forment simplement dans chaque bataillon une compagnie d’élite de cinquante hommes, réservée de préférence aux miliciens ayant servi dans les troupes réglées.

En 1745, ils sont détachés et réunis pour la campagne en régimens spéciaux au nombre de sept, à un seul bataillon, et prennent déjà le nom sous lequel ils vont s’illustrer. A la fin de cette campagne et des suivantes, ils sont dissous, et chaque compagnie s’en va rejoindre son bataillon. Survient la guerre de sept ans; l’institution, qui avait donné d’excellens résultats, se développe et prend un caractère définitif. De sept, le nombre des régimens de grenadiers royaux est porté à douze, et de un à deux celui de leurs bataillons. En outre, ils demeurent assemblés pendant toute la durée de la guerre. De 1762 à 1779, ils passent, comme le reste de la milice,