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paisiblement, comme externe, les cours d’un petit collège de Bretagne, et que le contraste a dû me sembler plus pénible. Il est vrai que les lycées d’aujourd’hui ne ressemblent pas à ceux d’il y a cinquante ans, que des améliorations sans nombre ont été apportées dans le régime de tous les établissemens consacrés à l’éducation ; mais, au fond, le système est resté le même, les études sont aussi démesurées, les recréations aussi nulles, les exercices aussi insuffisans. Sous le rapport de l’hygiène, le résultat est identique, et c’est ce résultat qu’il s’agit maintenant de constater.


II.

Lorsqu’on aborde, sans parti-pris, l’examen des troubles que la vie trop sédentaire et l’abus du travail intellectuel amènent, à la longue, dans la santé des enfans, il faut avant tout se tenir en garde contre les exagérations. C’est aller trop loin que de qualifier d’homicide notre système d’éducation. La plupart des jeunes gens en réchappent, grâce à l’admirable flexibilité dont jouit l’organisme à cet âge de la vie et à la somme de résistance qu’il possède contre les causes de destruction ; mais ils épuisent, dans une lutte inutile, cette force qu’il faudrait réserver pour les épreuves de l’avenir; leur développement en est entravé, et ils sortent affaiblis du collège. Il en est même qui ne se relèvent jamais complètement.

La statistique prouve que, parmi les jeunes gens exempts du service militaire pour faiblesse de constitution, les bacheliers sont beaucoup plus nombreux que les autres. D’après les calculs récemment produits à la tribune de l’Académie de médecine, par M. Lagneau, la proportion est de 575 sur 1,000 pour les premiers et de 460 seulement pour les seconds.

La mortalité n’est pas considérable dans les lycées. En dehors des épidémies de fièvre typhoïde, de diphtérie et de maladies éruptives qui y passent de temps en temps, les décès sont rares, et les infirmeries ne sont pas encombrées. Cela tient, il est vrai, à ce que les familles s’empressent de rappeler leurs enfans lorsqu’ils tombent malades, et, quant à ceux qui sont atteints d’affections chroniques, on les renvoie chez eux aussitôt qu’elles prennent un caractère menaçant. Il résulte de ce fait qu’on ne peut pas tirer parti de la statistique pour établir le bilan de la mortalité dans les établissemens d’éducation, et qu’il faut s’en rapporter aux souvenirs et à l’expérience des médecins qui y sont attachés. Or, il n’en est pas un qui ne soit convaincu qu’il meurt proportionnellement plus d’enfans parmi les internes des lycées que parmi les externes élevés dans leurs familles.

Les partisans de l’internat répondent que c’est une épreuve, et