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d’Auvergne, celle qui sort du Puy de Gravenoire, près Clermont, laisse échapper de très belles sources : d’abord à Fontanat, puis à Royat, où elles jaillissent d’une grotte ouverte dans des scories surmontées de lave prismée ; enfin, à l’extrémité inférieure de la coulée, l’eau s’épanche dans les mêmes conditions, pour le bien-être de la ville de Clermont. De même, après avoir formé à Murols ces cônes scoriacés auxquels George Sand prête un aspect infernal, la longue coulée du Tartaret débite sur son trajet une série de sources, autour desquelles sont venues se grouper plusieurs villages. C’est ainsi que le feu se trouve avoir préparé à l’eau ses voies, en lui créant des conduites souterraines.


II

Le jeu naturel des eaux, que nous venons d’étudier dans les dépôts superficiels, se montre avec la même clarté à une profondeur plus grande, dans l’épaisseur des roches stratifiées. Dans ces dernières, en effet, certaines couches, très pénétrables à l’eau, alternent avec d’autres qui l’arrêtent au passage. Que les couches soient horizontales ou inclinées, le relief du sol est fréquemment découpé, de telle manière que le support imperméable de l’assise filtrante et aquifère vient apparaître au jour et détermine un écoulement au dehors, en vertu des lois de la pesanteur et des pressions hydrostatiques. Ces réservoirs naturels produisent alors des sources qui sont permanentes, dans le cas où les pluies successives forment un approvisionnement suffisant ; parfois aussi, ils donnent lieu à de simples suintemens irréguliers. Les épanchemens dont il s’agit ne se font pas seulement sur les continens, mais aussi sous le bassin des mers.

Dans leur puissante série, les roches sédimentaires possèdent une succession de nappes ou niveaux d’eau occupant des étages distincts qui s’étendent, avec des caractères uniformes, sous des pays entiers, comme les couches auxquelles elles sont subordonnées. Plusieurs de ces niveaux se présentent dans les couches tertiaires des environs de Paris, dont l’épaisseur totale est de 200 mètres : l’un d’eux donne naissance aux sources de la Dhuys. Il importe toutefois de remarquer qu’il ne s’agit pas là, ainsi que le nom de nappe peut le faire supposer, d’une véritable couche d’eau, logée dans une cavité, entre des masses solides qui lui serviraient de parois, mais d’une eau remplissant les menus interstices ou les crevasses d’une roche. Continues et régulières dans les couches sableuses, ces nappes sont ordinairement discontinues et irrégulières dans les calcaires et les grès, où l’eau n’occupe que des fissures plus ou moins espacées.

A défaut d’issues naturelles, l’industrie de l’homme peut, au