Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/184

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
178
revue des deux mondes.


même temps se sont développés du pyroxène, du spinelle, de la tourmaline et d’autres minéraux cristallisés.

Les schistes argileux ont subi des transformations minéralogiques à proximité des éruptions granitiques. Déjà, il y a un demi-siècle, l’excellent géologue de Boblaye signalait, en Bretagne, la présence de coquilles fossiles au milieu de roches schisteuses, contenant en même temps, comme témoignage de la chaleur qu’elles ont subie, de grands cristaux de minéraux silicates, andalousite ou macle et staurotide. Les groupemens en forme de croix avaient fait remarquer depuis longtemps et appeler croisette cette dernière espèce, qui figure dans les armoiries de l’antique famille des Rohan.

Ces modifications remarquables des schistes, qui constituent une sorte de rayonnement autour des épanchemens granitiques, se sont propagées à des distances variant de quelques centaines de mètres à 3 kilomètres. La chaleur à laquelle les strates ont été soumises, par suite de l’intrusion de la masse éruptive, en est sans doute une des causes. Mais les émanations aquifères qui accompagnaient la sortie du granit, et qui nous sont décelées par les inclusions que renferme encore la pâte de cette roche, attestent que l’eau y a joué un rôle non moins important.

Mais pourtant il est quelque chose de plus remarquable encore dans le phénomène du métamorphisme. Des roches sédimentaires, occupant des pays entiers, montrent des modifications profondes, sans qu’il nous soit possible d’y découvrir le moindre affleurement éruptif; et pour citer un exemple des plus communs, les roches argileuses sont devenues des phyllades. Les roches ainsi nommées, bien que consistant essentiellement, comme les argiles, en silicates d’alumine, en diffèrent par leur cohésion; ils se refusent à se délayer dans l’eau, ainsi que chacun peut le constater sur les variétés employées comme ardoises. Les terrains stratifiés des Ardennes, du Taunus et d’autres régions de l’Europe occidentale, où l’on a constaté pour la première fois cet état minéralogique, appartiennent aux époques géologiques les plus anciennes ; ce qui a fait pendant longtemps regarder cette texture cristalline comme exclusivement propre aux dépôts sédimentaires d’un âge très reculé. De là, le nom de terrains de transition qui leur fut donné ; on pensait que dans la mer où ces matériaux s’étaient déposés, à la suite des terrains primitifs ou cristallins, continuait à s’opérer une précipitation chimique de silicates qui se mêlait à des dépôts arénacés et calcaires. Il fut reconnu plus tard que cet état demi-cristallin résulte d’une transformation postérieure à la sédimentation.

L’opinion que l’état minéralogique de ces terrains n’est pas une