Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 82.djvu/190

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

granulation en petits globules prouve qu’au milieu de l’eau elle a passé par une sorte de fusion.

Les réactions auxquelles sont dus ces produits offrent d’autant plus d’intérêt qu’elles ont été obtenues avec une très faible quantité d’eau, à peine égale au tiers du poids du verre métamorphosé. De plus, les nouvelles combinaisons ont cristallisé à une tempéra- ture de beaucoup inférieure à leur point de fusion. On a ainsi la preuve que l’eau acquiert, lorsqu’elle est fortement surchauffée, une énergie inattendue ; elle détruit des combinaisons réputées stables, en présence desquelles elle passait pour inerte; puis, elle en compose d’autres, notamment des silicates anhydres.

La réalisation de ces silicates dans l’écorce terrestre échappe à notre observation ; car elle exige une température bien supérieure à celle de l’eau bouillante. Mais elle doit s’opérer dans les profondeurs des roches, où ne font défaut ni l’eau emprisonnée, ni des températures et des pressions incomparablement plus élevées que celles de nos expériences les plus puissantes.

Il est superflu de faire ressortir davantage les conséquences de ces résultats synthétiques, en ce qui touche la transformation métamorphique de régions entières.

D’autres faits de la nature trouvent dans ces expériences une explication. Tout d’abord, elles nous montrent l’origine du quartz dans l’écorce terrestre, où il apparaît de toutes parts et dans des gisemens fort divers. Par exemple, les veinules de ce minéral, qui traversent en tout sens les quartzites et les phyllades, n’ont-elles pas dû se séparer aux dépens de la roche encaissante, en présence de l’eau et de la chaleur, tout à fait comme le quartz qui a été extrait du verre? Une action du même genre se reconnaît dans les filons métallifères. Quelquefois la température y a été assez haute pour que des silicates aient aussi pris naissance : les filons dont proviennent les émeraudes vertes du Pérou, si avidement recherchées depuis trois siècles, et associées à du quartz cristallisé, à de la calcite et à de la pyrite, sont évidemment de formation aqueuse.


VI.

Nous venons de voir, en remontant aux anciennes périodes, la production de nombreuses espèces minérales que l’observation des faits actuels ne pouvait nous apprendre. Ces minéraux divers, métalliques ou pierreux, affectant des gisemens très variés, sont le résultat final du travail de l’eau, qui s’y trouve en quelque sorte stéréotypé. Nous arrivons ainsi à surprendre les opérations intimes