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ayant force de loi, qui reproduisait les arrangemens antérieurs, en ajoutant que la convention resterait en vigueur jusqu’au 1er  janvier 1886.

Les pays de l’Union latine, où la frappe était interdite, vivaient sous le régime qu’un homme d’esprit a appelé le « bimétallisme bossu ; » les deux métaux avaient force légale, mais l’un des deux était paralysé. Aux États-Unis, la querelle monétaire dégénérait en animosité politique ; on avait insinué qu’il était possible d’établir un rapport entre les deux métaux, en faisant sanctionner ce système par un accord entre toutes les nations commerciales du globe. Les partisans de l’argent s’étaient enflammés pour cette idée, et ils avaient obtenu de leur gouvernement qu’il fît un appel en Europe pour qu’une nouvelle conférence internationale fût installée à Paris. En France, la généralité des hommes d’état, comme des hommes de finance, sans idée bien nette sur la question, n’étaient pas fâchés d’entr’ouvrir une porte au retour du bimétallisme complet. La convocation eut lieu au commencement de l’année 1881, et, dès le mois de mai, étaient réunis à Paris, sous la présidence du ministre des finances, M. Magnin, dix-sept gouvernemens, représentés par trente-deux membres, choisis parmi les notabilités de l’administration et de la science. Les discussions furent assez prolongées pour fournir un gros in-folio ; les intérêts en présence furent énergiquement défendus ; il y eut un brillant échange d’argumens théoriques qui ne pouvaient d’ailleurs aboutir pratiquement à aucune conclusion, parce qu’en pareille matière chaque pays est décidé, non en vertu de principes abstraits, mais par les faits qui le touchent directement et en raison du bienêtre ou du malaise qu’il éprouve. À bout de raisonnemens, la conférence prononça, dans la séance du 19 mai, un ajournement indéfini, sous prétexte de consulter les gouvernemens respectifs et de solliciter l’avis des grandes banques européennes, mais toutefois sous la réserve que « ce vote ne préjugeait absolument rien et laissait tous les droits intacts, toutes les opinions entières. » C’était un aveu d’impuissance.

L’association monétaire avait été prorogée jusqu’au dernier jour de 1885, avec obligation de dénoncer la rupture une année à l’avance, si on ne voulait pas que le pacte fût renouvelé par tacite reconduction. On sentait bien, surtout à la Banque de France, qu’il fallait mettre un terme à une situation devenue de jour en jour plus onéreuse. Les parties intéressées furent donc convoquées de nouveau. On entra en séance en juillet 1885, avec le programme sous-entendu de mettre fin à l’Union. Une difficulté fondamentale se présenta : lorsque fut inaugurée la convention de 1865, on était presque