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métropole y ont déjà fait sensation. On cite notamment une localité, Barberton, dont le nom n’a jamais figuré sur une carte, et qui compte aujourd’hui plus de 2,000 habitans, 300 maisons, 4 hôtels, un club, une bourse, 2 banques et 1 journal : le Barberton-Herald ! Et ce n’est pas tout encore. Il y a peu de jours qu’on a reçu au ministère de l’instruction publique, de la part d’un explorateur officiel, M. Henri Coudreau, la nouvelle que des terrains aurifères, comparables aux plus riches gisemens connus jusqu’ici, viennent d’être découverts dans les territoires inoccupés que l’on peut considérer comme une dépendance des Guyanes, et que déjà il y a contestation pour la propriété de ces terrains entre la Guyane française et la Guyane hollandaise. M. Coudreau promet de suivre l’affaire et d’envoyer prochainement des informations exactes à ce sujet.

En résumé, la production totale de l’or depuis les temps anciens jusqu’à nos jours représente une puissance d’achat d’environ 37 milliards de francs contre 44 milliards d’argent, ce dernier métal étant estimé à son ancien cours. Chaque année, le travail des mines augmente la quantité d’or répandue dans le monde d’au moins 500 millions. Est-on autorisé à dire que le précieux métal est insuffisant pour les affaires, que sa production ne peut répondre aux développemens du commerce et à la multiplicité des transactions ? A mesure que le commerce s’étend et se vulgarise, les procédés de l’échange se perfectionnent, des banques ne tardent pas à s’organiser, il y en a partout ; on s’accoutume aux valeurs fiduciaires, aux papiers de crédit faisant office de monnaie. Pour le grand négoce, les compensations s’établissent, d’un pays à l’autre, par le mécanisme du change. Qui ne connaît les Clearing-houses de Londres et de New-York, où les comptes du monde entier se balancent et se règlent par centaines de milliards, avec une très faible intervention des espèces métalliques ? En 1884, la Banque impériale d’Allemagne a compensé pour 31,388,650,000 francs d’opérations. Le télégraphe et bientôt le téléphone servent encore à développer les procédés de paiement. Les bimétallistes raisonnent d’ailleurs comme si l’adoption de l’étalon unique devait éliminer complètement le métal argent. C’est une grave erreur. Si l’or existe en quantité suffisante déjà et toujours croissante pour les opérations du grand commerce, l’argent, réduit dans sa force libératoire, mais généralement accepté comme valeur fiduciaire pour les appoints, conservera toujours une place considérable dans le courant des affaires humaines ; sa fonction sera toujours d’entretenir la vie des peuples au moyen des petits échanges, qui correspondent aux éternels besoins.

Il existe un petit livre qui devrait ouvrir les yeux de ceux qui-affirment que l’or fait défaut pour les grandes affaires ; c’est le