Page:Revue des Deux Mondes - 1887 - tome 83.djvu/173

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

profondes de la planète, et pourtant aucun d’eux ne songe à nier que les couches extérieures ne soient aussi les plus légères : même la plupart d’entre eux sont d’avis que le cœur est composé de matières assez lourdes intrinséquemment. Les rêveurs ont à coup sûr le droit de reléguer vers le centre des substances inconnues fort pesantes qui ne verront jamais le jour ; nul ne peut les contredire formellement, mais la philosophie scientifique n’est pas favorable à leurs suppositions. L’analyse chimique, réalisée au moyen du spectroscope, révèle à l’astronome la composition élémentaire du soleil ou des étoiles avec presque autant de certitude que si un fragment détaché du corps céleste était soumis, entre nos mains, aux investigations du laboratoire ; il ne semble pas qu’aucun élément inconnu à notre monde ait encore été constaté dans un astre. Bien mieux, ces échantillons hypothétiques, ces débris cosmiques ne nous manquent pas, et ils ont pu être soumis à l’attaque de nos réactifs ; ce sont les météorites. On sait que, si les bolides ne renferment pas, à beaucoup près, des échantillons de tous les corps simples connus, ils n’ont du moins pas contribué à prolonger la série des élémens déjà découverts[1].

Loin de se combattre, le raisonnement et l’expérience sont en parfaite harmonie pour nous faire concevoir l’idée d’un intérieur pauvre en oxygène. D’abord, si primitivement la terre a été gazeuse, l’oxygène, à raison de sa légèreté, s’est vu repoussé vers l’extérieur, tandis que les matériaux pesans s’agglomérant à l’intérieur échappaient par cela même à sa puissante affinité. Donc les roches acides, dans lesquelles dominent la silice et l’oxygène, doivent être des combinaisons superficielles, et les roches basiques, bien moins oxydées, ont dû naître dans les entrailles de la terre. Non-seulement les études géologiques favorisent cette manière de voir, mais l’excès de densité qu’exigent les calculs de l’astronomie concorde à merveille avec la pesanteur assez considérable des roches ultra-basiques, comme les laves et les péridotites.

Davy, peut-être parce qu’il avait isolé le potassium et le sodium, voulait que le noyau du globe fut constitué de métaux alcalins non altérés ; il ne croyait pas au feu central, et faisait dériver la chaleur volcanique de l’oxydation de ces mêmes métaux par les eaux souterraines. Gay-Lussac, contemporain de Davy, sceptique comme lui, avait recours à l’action décomposante de l’eau sur les chlorures et sulfures métalliques.

De nos jours, un assez grand nombre d’auteurs, dont

  1. Voir la belle étude de M. Daubrée sur les Météorites, dans la Revue du 15 décembre 1885.