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la vertu magnétique du métal, et, grâce à quelques inégalités dans la forme, la position, le mouvement de rotation du bloc, les anomalies de l’aimant terrestre se trouvaient expliquées.

Le métal qui constitue la majeure partie du globe n’est probablement pas chimiquement pur de tout alliage ; peut-être est-il mélangé d’un peu de soufre, métalloïde qui figure toujours dans les. parties inférieures des filons, de silicium selon M. Daubrée, de carbone d’après M. Mendeléjeff. M. Daubrée incline à supposer que le cœur même renferme une certaine proportion de platine.

Nous ne parlerons pas des analogies frappantes qui règnent entre certaines roches ultra-basiques (laves, basaltes, Iberzolites, etc.), et les variétés des météorites appartenant au groupe des crypto-sidères et les sporadosidères. M. Daubrée en ayant déjà bien mieux parlé que nous ne saurions le faire ; mais nous consacrerons quelques lignes à résumer une hypothèse très hardie, inventée ou peut-être seulement développée par M. Nordenskiöld. Le globe terrestre, dans le cours des siècles, n’a pas uniquement varié au point de vue qualitatif, en ce qui concerne le groupement moléculaire de ses matériaux, mais sa masse elle-même a dû se modidifier par voie d’accroissement. Des matières cosmiques, soit flottant dans l’espace à l’état de fines poussières, soit agglomérées en fragmens assez lourds, ont contribué dans une large mesure à grossir le volume et le poids de notre planète, et le mouvement rapide dont ces aérolithes étaient animés, s’étant converti en chaleur, a suffi pour porter au rouge aussi bien le projectile que la partie du globe atteinte par son choc ; un lent et gigantesque travail d’affinage, interrompu, puis renouvelé après chaque nouvel apport, séparait le métal de la gangue. Il en est résulté un noyau interne composé presque exclusivement de fer et dominé par une coque de scories. Mais de bonnes raisons font supposer que jamais le dégagement de chaleur n’a été assez énergique pour faire fondre la totalité du bloc terrestre. Le centre lui-même est demeuré froid, conformément aux idées émises par Poisson, il y a quarante ans ; comme M. Nordenskiöld, Poisson supposait un réchauffement ultérieur superficiel ; seulement il l’attribuait, non aux corps célestes tombant sur la terre, mais à la température brûlante de certaines régions planétaires traversées par le globe.

Cet ingénieux système, que nous nous gardons bien de défendre ou de critiquer, nous entraîne si loin, en plein inconnu, que nous préférons interrompre ce long enchaînement d’observations et de théories. Et cependant que de questions omises ou superficiellement effleurées ! Aucune allusion n’a été faite aux dissentimens de deux sectateurs du feu central (MM. Paye et de Lapparent) au sujet