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extrémités. Elle peut être tout entière à ses travaux, à ses affaires, qu’elle traite en nation positive. Elle procède méthodiquement, régulièrement aujourd’hui à la réforme de ses institutions. Voici déjà quelques années, en effet, que ministère et parlement sent occupés d’une révision de la constitution de 1848, et ce n’est qu’il y a peu de jours que les états-généraux, première et seconde chambre, ont donné la consécration d’un premier vote aux projets présentés par le gouvernement. Reste encore l’épreuve d’une seconde lecture, qui ne viendra qu’après la dissolution déjà décidée des deux chambres et des élections toutes prochaines, à une session nouvelle.

Tout cela se passe fort paisiblement, non certes sans contestations et sans débats entre les partis, mais sans agitation sérieuse. Cette révision d’une constitution qui date de près d’un demi-siècle n’a d’ailleurs nullement le caractère d’une œuvre de théorie et d’innovation chimérique. Elle reste une œuvre toute pratique et limitée. Elle se borne à préciser quelques-unes des conditions de la successibilité au trône, à donner au parlement plus de liberté dans l’organisation de la défense nationale et à étendre le droit électoral. Ce sont les points principaux, objets de la réforme constitutionnelle récemment votée à La Haye. — L’extension du droit électoral n’a pas été ce qu’il y a eu de plus difficile à régler. Jusqu’ici, d’après la constitution, le droit de vote ne pouvait appartenir qu’à ceux qui payaient une certaine somme d’impôts directs variant suivant les localités. Désormais la constitution laisse au pouvoir législatif la faculté d’augmenter le nombre des électeurs, de fixer les conditions de capacité ou de bien-être qui peuvent être acceptées comme des garanties suffisantes ; et de fait, d’après les règlemens nouveaux qui accompagnent la réforme constitutionnelle, il y aura en Hollande trois cent mille électeurs de plus. C’est, si l’on veut, un succès de libéralisme. Le parlement conquiert aussi par la révision un droit nouveau, plus complet, sur l’organisation de la défense nationale. Cette extension des prérogatives parlementaires n’est pas cependant sans avoir rencontré dans le pays, même parmi des hommes sérieux comme l’ancien ministre de la guerre, M. Reuther, une opposition assez vive. On redoute l’abus qui peut être fait de cette liberté ; on craint les entraînemens de parlement, l’introduction dans les lois militaires du service personnel et obligatoire, fort peu populaire en Hollande, les aggravations pour les finances publiques, il en est résulté que ce qui ressemble à une conquête parlementaire n’a obtenu dans la première chambre, la plus libérale des deux, qu’une majorité restreinte, qui serait insuffisante à une seconde lecture, quand il faudra les deux tiers des voix. Il est clair qu’on ne serait pas fâché de laisser sous la sauvegarde de l’inviolabilité constitutionnelle les principes qui ont réglé jusqu’ici l’organisation de l’armée. En revanche, les