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s’agit, il ne peut s’agir que de la double race issue de la caverne où Loth a dormi après la destruction des villes maudites. Si c’est sur ce texte que l’on s’appuie pour se montrer si rigoureux, on se trompe ; il en est un autre auquel on doit se conformer, car il est écrit, selon la justice, au chapitre xxiv du Deutéronome : « On ne fera point mourir les pères pour les enfans ; on ne fera point non plus mourir les enfans pour les pères. » Or, en repoussant l’enfant naturel, on le punit pour son père et pour sa mère, ce qui est contraire à la Loi.

III. — LE DISPENSAIRE.

Jusqu’à présent, je n’ai conduit le lecteur que dans des établissemens secourables ouverts aux israélites par les Israélites ; celui dont je vais parler ne tient compte ni des sectes ni des origines ; il est l’œuvre, il est la propriété exclusive d’une femme de bien qui, ayant pitié des petits enfans faibles, rachitiques, scrofuleux, s’est donné la joie de leur porter secours, de les faire soigner dès le premier âge et de les convier dans une maison bâtie pour eux, élégante, luxueuse, semblable à une villa, où ils trouvent des médecins habiles et les modes de traitement imaginés par la science expérimentale. Tout l’honneur de cette fondation remonte à Mme Heine-Furtado, qui seule l’a créée, l’entretient et en a fait une institution d’une valeur exceptionnelle. Dans le XIVe arrondissement, entre les quartiers de Plaisance et du Petit-Montrouge, aux environs de la chaussée du Maine, s’ouvre la rue Delbet, qui débouche dans la rue d’Alésia ; c’est là, dans un vaste terrain, que a le dispensaire pour les enfans pauvres des deux sexes » a été inauguré le 12 août 1884. L’architecte, M. Blondel, qui déjà avait construit un dispensaire à Mulhouse, a été laissé libre de suivre son imagination ; son imagination l’a bien servi. Il est difficile de mieux approprier un bâtiment à une destination déterminée et de se préoccuper avec plus d’intelligence des prescriptions de l’hygiène. Tout est salubre dans cette maison isolée, baignée par le soleil, vivifiée par les courans d’air, pourvue d’eau en abondance et enclavée dans un jardin où les jeunes arbres répandent déjà l’ombre de leur feuillage. Un svelte portique d’ordre dorique précède un pavillon dont le rez-de-chaussée est occupé par une salle d’attente et dont le premier étage contient les logemens de la direction et du service. En face de ce pavillon, le dispensaire s’évase en quart de cercle dans son bel appareil composé de matériaux de choix. Comme la superficie ne manquait point, on n’a pas été forcé d’avoir recours à la superposition, ainsi que dans les quartiers où Paris se tasse et s’étouffe. Un sous-sol, un