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l’empire aux stipulations préparées en commun ; Villars ne repousse pas cette procédure. Ainsi renseigné, Hundheïm quitte Büsingen à la nuit, et Villars retourne à son quartier-général. Cinq jours après cette entrevue, la ville de Fribourg capitulait et le baron de Harsch se retirait dans les forts avec la garnison. Il n’y tenait que trois semaines, et le 16 novembre Villars prenait définitivement possession de la place.

La chute imminente de Fribourg avait dissipé les dernières hésitations de la cour de Vienne ; dès le 11 novembre, elle autorisait le prince Eugène à entrer directement en pourparlers avec Villars. Les instructions que l’empereur lui adressa confidentiellement n’indiquaient pas un grand désir de faire la paix : Eugène devait plus écouter que parler ; tâcher de découvrir le dernier mot du roi, sans livrer celui de l’empereur ; il ne devait accepter la discussion que si les conditions offertes étaient meilleures que celles refusées à Utrecht. Le programme officieusement exposé par Hundheïm n’était pas agréé ; néanmoins ses bases n’étaient pas formellement rejetées : c’était à l’habileté du négociateur à réduire le plus possible la somme des sacrifices nécessaires. Eugène, qui croyait la paix indispensable, même à des conditions moins favorables, ne perdit pas une heure ; il écrivit à Villars pour lui demander une entrevue dans l’une des trois villes de Spire, Bâle ou Rastadt. Villars était depuis deux jours dans Fribourg quand il reçut ce message. Il y répondit par le billet suivant :


Fribourg, 19 novembre 1713.

Monsieur,

Je reçus hier au soir la lettre que vous m’avez fait l’honneur de m’écrire le 16, par laquelle j’apprends que vous avez reçu les pleins pouvoirs tels qu’ils sont nécessaires, et que le roi m’a fait l’honneur de me les donner. Je ne différerai pas une conférence que bien des raisons me font souhaiter, et surtout celle d’avoir l’honneur de vous renouveler moi-même les assurances de mon ancien attachement. J’aurai donc l’honneur de vous dire, monsieur, que je pars demain pour me rendre à Strasbourg, où je vous supplie de me faire l’honneur de me mander le jour que vous désirez que je me rende à Rastadt, lieu véritablement plus commode que tout autre pour le rendez-vous nécessaire. Je vous supplie aussi de me faire savoir si vous ne trouvez pas convenable d’y passer quelques jours. Il me semble que le palais et la ville sont séparés de manière à pouvoir loger