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LE
JUGEMENT D'UN NEGRE
SUR LA RACE NEGRE

M. Edward Wilmot Blyden est un nègre pur de tout mélange, né aux Antilles, dans l’île danoise de Saint-Thomas. Dès l’âge de dix-sept ans, la nostalgie le prit ; il ressentit cet attrait mystérieux, irrésistible, qu’exerce le continent noir sur les nègres expatriés, sur ceux mêmes qui ne l’ont jamais vu. il voulut voir les rivages de la Guinée ; il lui sembla que c’était le seul endroit du monde où il pût vivre.

Libéria est, comme on sait, une colonie fondée par les abolitionnistes américains et destinée à servir de refuge aux noirs affranchis des États-Unis. Elle s’est constituée, il y a quarante ans, en république indépendante ; sa capitale est Monrovia. Ce fut à Monrovia que se fixa M. Blyden. Après avoir été sous-maître dans une maison d’éducation dirigée par un missionnaire, il devint professeur dans le collège récemment créé de Libéria. En 1864, il fut nommé secrétaire d’état. En 1866, il faisait un voyage en Orient, il parcourait l’Egypte et la Syrie. En 1871, le gouverneur anglais de Sierra-Leone le chargeait d’une mission diplomatique auprès de plusieurs chefs de tribus de l’intérieur. Six ans plus tard, il était ministre plénipotentiaire de la république de Libéria auprès de la cour de Saint-lames, et le marquis de Salisbury le présentait à la reine Victoria. Il est retourné depuis dans son pays, et, en 1885, il était le candidat du parti libéral à la présidence de la république.