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Provençaux entre ses mains deviennent des lions. Avec ses harangues, ses drapeaux, ses fanfares, ses tambours-majors, il a l’art de leur inculquer le fanatisme militaire. » Casy était le capitaine de pavillon de l’amiral Hugon. Je ne parle pas de Trotel, le commandant du Suffren : l’amiral Roussin l’avait choisi ; tous les officiers du port de Brest le lui auraient désigné.

Que de gages de victoire ! Lèvent seul pourrait les rendre stériles. L’amiral Roussin avait renoncé à se plaindre. L’aurait-on compris à Paris ? Son journal seul recevra désormais la confidence de ses secrètes angoisses. « 1er et 2 juillet. — Temps brumeux, grande brise, fraîchissant de plus en plus du nord au nord-nord-est. — Je donne le commandement de la prise à l’élève de première classe Lefèvre. Il a l’élève de deuxième classe Gervaise pour second. — La brise devient furieuse. — Temps clair au haut du ciel, très brumeux à l’horizon. — Temps forcé. — Obligé de carguer la misaine et de mettre le perroquet de fougue sur le mât pour attendre les corvettes, qui font des signaux de conserve. — Malgré les deux ris pris, on s’aperçoit au jour que le grand mât de hune est rompu sous la noix. Il faut le changer. — Le vent-est tel que je ne vois pas ce qu’il sera possible de faire d’une escadre dans de semblables circonstances.

Du 2 au 3 juillet. — Beau temps. — Grand frais de nord-est. — Grosse mer. — À huit heures, le grand mât de hune est guindé. Le grand hunier est rétabli, ainsi que le grand mât de perroquet. — À dix heures, nous apercevons le cap la Roque au nord-est et le cap Spichel à l’est. — Prolongé la bordée de bâbord dans le golfe formé par ces deux caps. — Je ne suis pas fâché d’avoir cette occasion de l’étudier. Les côtes sont arides, pelées et sablonneuses, mais leur approche est saine. Le cap Spichel est élevé et abrupt au sud et à l’ouest. Il est plat au sommet. Un phare le surmonte et, un peu à l’est, à la même hauteur, est un édifice qu’on ‘dit être le couvent de Nossa Senhora da Cabo.

Du 3 au 4 juillet. — Beau temps. — Grande brise du nord-nord-est et nord. La brise mollit en approchant de terre ; la mer s’adoucit. — Augmenté de voiles. — Prolongé bâbord amures pour pénétrer dans le golfe du Tage. La mer y est belle, les côtes sont saines. — À deux heures et demie, viré vent devant. — On trouve vingt-huit brasses, en virant à 4 milles de terre. — Sur l’autre bord, île vent fraîchit de nouveau ; la mer redevient grosse. — La brise est toujours forte, l’horizon moins fumeux. La terre, moins couverte, me donne l’espoir que le temps s’améliore. — Repris les ris pour ménager les mâts de hune qui me paraissent de mauvaise qualité. — Au jour, la division ralliée. — À six heures, le cap la Roque est à 3 lieues est-nord-est. — À huit heures, la brise est un