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dans la discussion de l’adresse, il a pu obtenir sans peine une sorte d’unanimité ; mais ce n’est qu’un commencement, et l’Italie en est encore à savoir où la conduira la politique de M. Crispi, si ces succès bruyans dont on la flatte sont une garantie ou un danger pour sa sécurité, pour son avenir.

CH. DE MAZADE.





LE MOUVEMENT FINANCIER DE LA QUINZAINE.




Le jour même où l’opération de la conversion entrait dans sa période d’exécution, le 14 courant, le 3 pour 100, après avoir oscillé de 80.72 à 80.92, restait à 80.87. Après quinze jours écoulés, la rente se tient à 81.80. La hausse est de près d’une unité, et cependant le pays vient de traverser une crise des plus graves, crise dont il n’est pas encore sorti et qui peut réserver, au moment de sa solution, plus d’une surprise. Rarement contraste plus frappant s’est présenté entre l’attitude du marché financier et le caractère des circonstances politiques dont la Bourse subit d’ordinaire l’influence. Le délai de dix jours imparti aux rentiers pour opter entre la conversion et le remboursement était à peine ouvert que les événemens se sont précipités : l’affaire Caffarel-Limousin devenait l’affaire Wilson ; le préfet de police, suspecté de soustraction de pièces judiciaires, était suspendu de ses fonctions ; une demande d’autorisation de poursuites contre un député, gendre du président de la république, était adressée à la chambre et votée à l’unanimité ; deux jours plus tard, le cabinet Rouvier était renversé sur le dépôt d’une interpellation Clemenceau ; immédiatement après était engagée par tous les organes de la presse une campagne des plus violentes contre le chef de l’état ; celui-ci était mis en demeure de démissionner, et ses hésitations venaient se heurter à une grève minis-