Page:Revue des Deux Mondes - 1888 - tome 85.djvu/545

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

LE
PARLEMENT ET LE BUDGET

L’opinion publique se montre sérieusement émue de la situation de nos finances, et les manifestations de son inquiétude ont été assez nombreuses et assez explicites pour arracher nos représentans aux illusions d’un optimisme systématique. C’était, naguère, à qui soumettrait au parlement les plans les plus vastes, les projets les plus dispendieux : on faisait un titre d’honneur à la république des centaines de millions que l’on dépensait sans urgence et souvent sans utilité. Aujourd’hui, il n’est plus question que d’économies, et la nécessité de rétablir l’équilibre du budget est dans toutes les bouches. Rétablir cet équilibre sera une tâche malaisée : il y faudra des efforts plus sincères, plus énergiques et plus soutenus que ceux qu’on a tentés jusqu’ici ; mais ce résultat même ne suffirait pas à rassurer complètement l’opinion publique. La confiance dans le régime actuel est ébranlée : ce fait n’est pas contestable en présence des aveux qui sont échappés, depuis quelques mois, à la plupart des journaux républicains. Un écrivain de mérite, dont les opinions ne sauraient être suspectes, et dont la sincérité égale la pénétration, M. Henry Maret, a reconnu, à plusieurs reprises, que les préoccupations financières ne sont pas l’unique cause du malaise qu’on signale dans toute l’étendue du pays, que les appréhensions portent au-delà des embarras budgétaires, et qu’on se