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de travail est inférieure à la demande. Elles sont adroites, sobres, intelligentes ; on peut compter sur leur exactitude, sur leur honnêteté. Il leur suffit pour vivre de la moitié du salaire nécessaire à un homme. Dans de pareilles conditions, il doit être possible de leur trouver des emplois, et c’est aux économistes à se charger de cette tâche. S’ils parvenaient, v s’en acquitter, ils auraient plus fait pour la moralisation de la société que tous les philosophes réunis, car la plupart des femmes qui s’adonnent au vice ne le font pas par goût, mais par besoin : c’est la paresse, le défaut de principes, le mauvais exemple qui les y amènent, mais c’est la misère qui les y pousse et les y fait tomber. Une bonne éducation et des débouchés pour leurs aptitudes en sauveraient le plus grand nombre.


V.

Les programmes de l’enseignement primaire sont assez développés pour permettre aux jeunes filles de remplir convenablement les fonctions qu’on parviendra, je l’espère, à leur créer un jour. Cependant les législateurs ont pensé qu’il était nécessaire d’aller plus loin, et ils ont constitué pour elles un enseignement secondaire parallèle à celui que les garçons reçoivent dans les collèges. L’idée de cette création remonte à une trentaine d’années. Elle a souvent été reprise depuis, mais sa réalisation ne remonte qu’à sept ans. C’est la loi du 4 décembre 1880 qui a institué les lycées de filles. Il y en a aujourd’hui 45 en France, fondés par l’état, avec le concours des départemens et des villes ; ce sont des externats, mais il peut leur être annexé des internats sur la demande des conseils municipaux[1].

La durée de l’enseignement est de cinq ans, et s’étend de douze à dix-sept ans. Lorsque les élèves quittent le lycée, on leur délivre un diplôme de fin d’études, après un examen passé devant un jury nommé par le ministre. Les externes surveillées arrivent au lycée à huit heures du matin, et retournent dans leurs familles à six ou sept heures du soir, suivant la saison. Dans cet intervalle, elles ont quatre heures de classe, trois heures et demie d’études et deux heures trois quarts de récréation, sur lesquelles il faut prendre le temps du repas de midi. Les externes libres n’ont que quatre heures de classe par jour ; mais, trois fois par semaine, elles restent au

  1. L’Enseignement secondaire des filles, par M. Octave Gréard, membre de l’Institut, vice-recteur de l’Académie de Paris.