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L'OCEANIE MODERNE

VI.[1]
L’OCÉAN PACIFIQUE DU NORD. — L’ARCHIPEL HAVAIEN.


I

Plus de mille lieues de mer séparent les îles Mariannes de l’archipel havaïen ou des Sandwich[2]. Mer solitaire et déserte, semée çà et là, à de grands intervalles, d’îlots inhabités, de récifs mal connus, de rocs hantés par des bandes innombrables d’oiseaux pêcheurs accumulant sur les sommets dénudés de riches gisemens de guano. Deux grands courans parallèles, le courant et le contre-courant équatorial, sillonnent cet espace vide. Le premier, au nord, roule ses flots de l’est à l’ouest ; le second, plus au sud, court en sens inverse, de l’ouest à l’est. Peu ou pas de navires. Ceux qui vont d’Amérique en Asie longent le tropique du Cancer ; les bâtimens qui relient San-Francisco à l’Australie coupent l’Equateur plus à l’est. Entre le grand archipel d’Asie et l’archipel havaïen,

  1. Voyez la Revue du 15 juin, des 1er et 15 août, du 1er septembre 1887 et du 15 janvier 1888.
  2. Archipel havaïen, archipel des Sandwich, sont deux termes synonymes. Ces îles sont plus connues à l’étranger sous le nom de Sandwich, que le capitaine Cook leur donna en 1778, en l’honneur de lord Sandwich, premier lord de l’amirauté anglaise. Leur vrai nom est îles Havaï, emprunté à la plus grande du groupe. Les indigènes et le gouvernement local ne les désignent pas autrement.