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LES
MISSIONS D'INSTRUCTION
EN EUROPE

UNE ÉCOLE COLONIALE A PARIS.

Qui peut avoir perdu le souvenir de la sinistre dépêche annonçant le désastre de Lang-Son ? L’anxiété que l’on ressentit à sa lecture fut plus poignante peut-être que celle éprouvée aux tristes débuts de notre guerre avec l’Allemagne ; notre armée, alors comme aujourd’hui, nous inspirait une telle confiance que, même après les échecs de Wissembourg et de Frœschwiller, l’espoir d’une prompte revanche soutenait les esprits. En mars 1885, le télégramme de Lang-Son jeta la France dans une consternation générale. Il y eut un cri de rage contre ceux qui avaient poussé à l’expédition du Tonkin. Les députés, les sénateurs, les ministres, tous affolés, perdirent le sang-froid nécessaire aux crises imprévues. Ils voyaient nos troupes démoralisées, poussées l’épée dans les reins jusqu’à la mer. A les entendre, nous perdions le Tonkin, l’Annam et la Cochinchine ; il allait falloir abandonner le Cambodge à ses dissensions et Madagascar aux missionnaires anglais. L’Inde française eût été entraînée comme tout le reste dans cet effondrement. C’était l’idéal pour ceux qui