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Saint-Paul, où il était entré pour chercher l’ombre et la fraîcheur. Un certain Toto, duc toscan, et ses trois frères, Constantin, Passibus et Pascal, introduisirent des paysans dans la ville. Cette foule élut pape Constantin, bien qu’il fût laïque. Elle obligea un évêque à lui donner tous les degrés de l’ordination et à le sacrer. Cet intrus demeura un an sur le siège pontifical. Il joua bien son rôle : ses lettres à Pépin sont du même ton que celles de Paul. Mais un officier de la cour pontificale, le primicier Christophe et son fils Sergius, après avoir trompé Constantin par des mensonges, se rendent auprès de Didier, qu’ils supplient de faire cesser le déshonneur de l’église. Le roi lombard, très heureux d’intervenir en cette affaire, leur donne des soldats et les fait accompagner par un prêtre du nom de Waldipert. Arrivée aux murs de Rome, la troupe est introduite par des amis. Toto et Passibus accourent ; pendant que le premier se défend contre les assaillans, il est tué par derrière : un des officiers romains qui l’avaient suivi avait fait le coup. Passibus s’enfuit au Latran, où il apprend au pape ce qui s’est passé. Tout les deux et un évêque, Théodore, qui était de leur parti, sortent en hâte du palais et se réfugient dans l’oratoire de Saint-Césaire. Des Romains viennent les y prendre pour les mener en prison. Au milieu de ce tumulte, le Lombard Waldipert, qui avait sans doute mission de faire élire un ami du roi Didier, installe au Latran un moine nommé Félix, qui se croit pour tout de bon successeur de saint Pierre ; mais Christophe fait chasser du palais le bon frère, qui s’enfuit par l’escalier des bains, et « retourne en toute révérence à son monastère. » Alors Christophe fait procéder à une élection régulière : Etienne III est proclamé. Le trouble ne cesse point. Des individus s’emparent de Théodore, l’évêque ami des Toscans; ils lui arrachent les yeux, lui coupent la langue, l’enferment dans un couvent où, mourant de faim et brûlé par la soif, il meurt en criant : De l’eau ! Passibus a les yeux crevés. Constantin, le faux pape, est promené par les rues, à cheval sur une selle de femme. Cependant la milice romaine et des milices de Toscane et de Campanie font une expédition contre le château d’Alatrum, où se trouve le tribun Gracilis, un partisan de Constantin. Gracilis est saisi, emmené à Rome; des individus vont le tirer de son cachot, lui arrachent les yeux, lui coupent la langue. Quelques jours après, c’est Constantin qui est extrait de son monastère : les bourreaux lui arrachent les yeux et le laissent pour mort sur la place. Tout à coup, le bruit se répand que Waldipert veut livrer la ville aux Lombards. Le malheureux se réfugie dans l’église de la Vierge Marie ad Martyres. Il en est arraché, portant dans ses bras l’image de la Mère de Dieu. Il est emprisonné, puis, quelques