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Les appartemens sont disposés de façon à assurer l’isolement des familles qui les habitent, tout en les plaçant dans de bonnes conditions hygiéniques. Les corridors sont supprimés partout, et chaque ménage a sa porte donnant sur l’escalier. Il y a de l’eau et une buanderie à chaque étage. Toutes les familles ont des water-closets particuliers. Aussi les maisons ont-elles coûté 5,000 francs par appartement, ce qui ne permet pas de les louer à des prix inférieurs à ceux des logemens ordinaires. Pourtant ils ont tous été occupés presque sur-le-champ.

La ville de Lyon a obtenu un succès plus complet. C’est le plus bel exemple des résultats que l’association peut produire. Il est dû à l’intelligence et au dévoûment de MM. Mangini, Aynard, Gillet et Parmezel. Ils ont commencé par faire une enquête dans les quartiers les plus pauvres et les plus peuplés. Ils ont constaté les mêmes misères que dans les autres grandes villes et les mêmes prix exagérés de location. En moyenne, les logemens d’ouvriers coûtent, à Lyon, 120 francs par pièce et par an. A Paris, c’est 150 et 180 fr., lorsqu’il y a un cabinet noir. La société a construit cinq maisons de quatre étages, comprenant 60 appartemens de trois pièces en moyenne, avec cuisine, évier, fourneau, plancher de chêne et papiers peints. Les cours sont asphaltées et garnies de fils de fer tendus pour faire sécher le linge. Les maisons sont éclairées au gaz. Les cabinets sont communs au troisième et au quatrième étage.

Les cinq maisons ont coûté 177,315 francs. Le terrain est revenu à 27 fr. 38 le mètre, la construction à 42 francs par mètre carré et par étage, tandis qu’elle coûte 100 francs à Paris. Ces conditions exceptionnelles de bon marché ont permis de louer les logemens à des prix sensiblement inférieurs à ceux du voisinage, c’est-à-dire à 75 francs la pièce en moyenne. Aussi ont-ils été enlevés ; il y avait deux cents demandes pour 60 logemens, et les cinq maisons sont habitées depuis le mois d’août 1887. La perte sur les loyers est insignifiante, et le capital engagé rapporte 4 pour 100. Encouragée par ce succès, la société vient de se constituer au capital de 1 million, dont la caisse d’épargne a fourni la moitié. Elle a acheté un terrain de 7,500 mètres, sur lequel elle va construire vingt nouvelles maisons semblables aux premières.

Des entreprises analogues ont eu lieu à Saint-Quentin, à Amiens, à Reims, à Nancy, à Bordeaux, etc. ; mais je ne pourrais, sans fatiguer l’attention, faire l’historique de toutes ces sociétés locales, et je vais me borner à dire ce qui s’est fait à Paris.

Sur les 10 millions alloués en 1852, par le gouvernement impérial, pour l’amélioration des habitations ouvrières, 6 furent consacrés à la construction des asiles de Vincennes et du Vésinet ; 2 servirent