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géologue, parvint, le 16 juillet 1784, au sommet de la Roche-Michel, l’une des plus hautes sommités de ces parages, et consigna les résultats de son ascension dans le Journal de Paris de cette même année.

En 1787, au moment où l’on commençait à imprimer le premier volume de l’Histoire des plantes du Dauphiné, Villars parcourait le Mont-Cenis, et dans le ravissement que lui procure le spectacle de cette végétation inattendue : « Le Mont-Cenis, écrit-il à Allioni (27 juillet 1787), est un théâtre qui exigerait trois mois pour le bien connaître. » La même année, Vichard de Saint-Réal, intendant de la Maurienne, escaladait la Roche-Michel et la Roche-Melon. Voué de tout cœur à l’étude des montagnes, cet explorateur se livrait chaque année à une station prolongée sur les cimes de sa région favorite. Il consacra dix ans de recherches à une histoire naturelle du Mont-Cenis, qu’il se proposait de publier et qui est restée inédite.

Du 25 au 29 septembre 1787, de Saussure passa avec son fils cinq jours au Mont-Cenis, et fit, dans la journée du 19, l’ascension de la Roche-Michel. L’auteur des Voyages dans les Alpes nous donne une triste impression de l’état de l’hospice au moment de son passage. Voici dans quels termes il en parle : « Cet hospice avait été fondé et richement doté pour subvenir à l’assistance des passagers. Mais il ne reste plus de cette fondation qu’une assez mince prébende qu’on donne à un abbé qui réside dans l’hospice sous le nom de recteur. Il est assez bien logé, reçoit avec plaisir les étrangers qui veulent s’arrêter ou même loger chez lui. Il ne donne pas son mémoire, mais on lui paie honnêtement la dépense qu’on croit avoir faite. Quant à ceux qui ne sont pas en état de payer, ils trouvent dans cette maison une espèce d’hospitalier qui reçoit une somme fixe pour laquelle il s’engage à faire une aumône et à donner quelques secours aux pauvres voyageurs. » De Saussure porta à 2,063 mètres l’altitude du col du Mont-Cenis. Sous l’empire, le Mont-Cenis surexcita l’ardeur des naturalistes piémontais, qui ne se firent pas faute d’y porter leurs pas. Une année ou l’autre, c’étaient Balbis, le fondateur de la Société linnéenne de Lyon, le docteur Lavy, Re, Ponsero, Bertero, Colla, et plus récemment, le professeur Parlatore de Florence. Toujours comblés d’attentions de la part des religieux, ils parcouraient avec tout l’entrain de la jeunesse ces régions luxuriantes, et quand il fallait les quitter, ils gardaient au cœur l’espoir de les retrouver.

Au 12 mars 1805, deux nouveaux voyageurs s’arrêtaient au Mont-Cenis. Partis de Paris pour se rendre à Rome, Gay-Lussac et de Humboldt passèrent toute une journée à l’hospice pour faire l’analyse de l’air atmosphérique.