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LE
MARQUIS D'ARGENSON
MINISTRE DES AFFAIRES ETRANGERES

Les deux volumes que M. le duc de Broglie vient d’ajouter à ses belles études sur Frédéric II et Marie-Thérèse égalent en intérêt les précédens[1]. L’habile historien y raconte avec une lumineuse éloquence les divers incidens de la guerre de succession d’Autriche dans les années 1744 et 1745, la mort de la duchesse de Châteauroux et l’avènement de Mme de Pompadour, la captivité de Belle-Isle, le triomphe de Marie-Thérèse couronnant enfin son médiocre mari le duc de Lorraine, les humiliations de la France en Allemagne et ses brillans succès dans la Flandre, les premiers malheurs de Frédéric et ses éclatantes revanches, Friedberg, Sohr, l’invasion de la Saxe, la paix de Dresde. il y raconte aussi les maladresses et les erreurs du marquis d’Argenson, à qui Louis XV avait eu la triste idée de confier la direction de nos affaires étrangères. Les chapitres que M. de Broglie a consacrés à cet étrange ministre sont aussi piquans qu’instructifs. On se convainc facilement en les lisant qu’un homme de grand mérite fait dans l’histoire un sot personnage, quand il n’est pas à sa place et qu’il n’a pas l’esprit de son métier.

En 1744, la France, dégrisée par ses échecs, se repentait d’avoir voulu ôter le trône impérial à la maison d’Autriche et donner aux Allemands, dans la personne d’un électeur de Bavière, un empereur

  1. Marie-Thérèse impératrice (1741-1748), par le duc de Broglie, 2 vol. in. 8°. Paris, 1888 ; Calmann Lévy.